Les brèves du n°130

Ibrahim Ali, assassiné trois fois…

Le 21 février 1995, ce jeune Marseillais d’origine comorienne est abattu par des colleurs d’affiches du FN dans les quartiers Nord de Marseille. En 2011, l’avocat de la famille d’Ibrahim Ali, Gilbert Collard, qui avait traité Le Pen père de « lâche » lors du procès des meurtriers, devient membre du comité de soutien à l’élection de Le Pen fille. En 2014, le frontiste Stéphane Ravier, qui appelle à prendre en compte le drame vécu par la famille d’Ibrahim Ali comme celui vécu par les familles de « militants sincères » dans la même commémoration est élu à la mairie de secteur du 13e/14e. à deux pas d’où est tombé le jeune Marseillais. Qui dit mieux ou pire ? A la fin du mois, Jean-Pierre Baumann, qui avait accueilli ces mêmes « militants sincères » pour les aider à bâtir une fiction autour de la légitime défense avant qu’il ne se rende à la police, sera l’arbitre de l’élection départementale dans les Bouches-Du-Rhône. Trajectoires particulières ou énièmes symptômes d’un pays qui glisse peu à peu dans un climat pré-fasciste ? En tous cas, l’expression du mépris récurrent d’un Marseille post-colonial et/ou notabilisé envers un Marseille populaire et/ou basané. Laissons la conclusion à Soly M’Baé, collègue d’Ibrahim au sein du groupe de rap B-Vice et militant infatigable pour qu’un jour une rue de Marseille porte la mémoire de ce crime raciste, telle qu’il l’a laissée s’exprimer à la fin du rassemblement du 21 février dernier  :

« […] 20 ans qu’ils nous débitent

leurs serments d’hypocrites

à chaque veille d’élection

En démago opportunistes,

ça fait 20 ans qu’ils évitent

De prendre position

De froisser les fascistes

Qu’ils soient de leur camp ou de l’opposition

De vrais équilibristes

En matière d’opinion et d’engagement

Pompiers pyromanes

aux principes élastiques

Ils gèrent leur carrière

en bons pères de famille

Et promettent à qui veut le paradis laïc

Un pays béni où Dieu a les traits de Charlie

Honni soit celui qui du mal y pense

ou l’offense

Tout impie est mis au pilori

ou finit sur la potence

La lutte contre les discriminations sociales

et raciales

Peut attendre la fin des temps

pour devenir une cause nationale

Après tout nous sommes tous égaux

sous le drapeau tricolore

Même si certains seront toujours

des négros de la naissance à leur mort

Combien de décennies faut-il encore

Pour qu’enfin Ibrahim

Cesse d’être un enfant des Comores

Pour devenir un minot de la Savine

Noir et musulman  :

double peine, double crime

De la mère Patrie,

tu seras l’éternel fils illégitime […] »

Iffik Le Guen

Choc des cultures

Par Rémy Cattelain.

Le faux sceptique  !

N’en déplaise à certains pourfendeurs de l’obscurantisme, c’est aujourd’hui enfoncer une porte ouverte que de critiquer l’accointance entre la recherche scientifique et les groupes industriels. Rappelons-nous de Richard Doll, cet épidémiologiste britannique qui, largement rétribué par Monsanto, n’hésitait pas à nier le caractère pathogène de l’agent orange massivement balancé sur le Vietnam. Alors quand il est question de changement climatique on voit poindre ici et là toute une ribambelle de climato-sceptiques dont l’argumentaire scientifique survit difficilement à la publication de leurs financements extra-universitaires. Ainsi, ce chercheur du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, Wei-Hock « Willie » Soon, défendait la thèse que le soleil, et non l’homo-industrialis, était la cause du réchauffement climatique jusqu’à ce que ses liens financiers avec l’industrie pétrolière (Exxon, Texaco, American Petroleum Institut) et charbonnière (Southern Company) soient rendus public. Scientifique renommé, ce porte-étendard du négationnisme climatique, s’est fait griller… Qu’on ensevelisse ce faux-sceptique  !

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