Envoyons aux balançoires l’amertume de l’Histoire !

A l’inverse des écrits galvanisants de John Holloway et du Tiqqun, la petite synthèse sur L’Anarchisme du prof de l’EHESS Édouard Jourdain, qui sort en ce début d’année à La Découverte, n’apporte pas grand-chose de vraiment neuf sur le sujet. Ce panorama frugal a pourtant pour lui d’être tout à fait sympa, d’être constamment limpide et d’arriver à bien survoler l’histoire des offensives libertaires en tout domaine.

C’est ainsi que Jourdain ne remonte pas seulement au « philosophe-vagabond » Diogène et à La Boétie mais aussi au « Fay ce que vouldras » de l’abbaye de Thélème et aux dévergondages des hérétiques du Libre-Esprit. Qu’il ne décrit pas seulement la pensée anarcho-communiste de Proudhon-Bakounine-Kropotkine mais encore celle des délirants rebelles romantiques Desjacques-Coeurderoy-Bellegarrigue. Qu’il n’oublie pas d’épingler parmi les anarchistes individualistes de proue à la Stirner, le chantre truculent de la « camaraderie amoureuse » de combat Ernest Armand. Qu’il englobe dans sa saga les anars (au sens large) des dernières décennies, les Noam Chomsky, les John Zerzan, les Pierre Clastres, les Hakim Bey, s’arrêtant aussi bien sur le « municipalisme libertaire » de Murray Bookchin, sur la fabrique de céramique d’Argentine Zanon gouvernée par ses ouvriers sur le modèle Lip ou sur les « mancomunales » chiliennes pratiquant la « coopération égalitaire » que sur les TAZ « libérant des zones de terrains, de temps, d’imagination puis se dissolvant avant que l’État ne les écrase pour se reformer ailleurs ». Ou que sur l’Appo d’Oaxaca.

On reste dans le Mexique insurgé en chevauchant sur de récentes parutions chouagas. Citons à la volée quelques-unes d’entre elles.

Chucho el Roto. Dandy d’honneur (Sao Maï), la bio fortiche d’un outlaw bien-aimé qui se dressa contre « le pouvoir des riches ».

Révolution et contre-révolution au Mexique (1910-2010) de James D. Cockcroft (Syllepse) au sous-titre bandant : « La révolution n’a pas dit son dernier mot ».

Les Leçons politiques du néozapatisme mexicain de Carlos Antonio Aguirre Rojas (L’Harmattan) qui prône un peu lourdement, mais résolument, la mise en branle partout dans le monde d’«  auto-gouvernements populaires ».

Et la formidable étude à six mains Néozapatisme. Échos et traces des révoltes indigènes (Syllepse) dans laquelle notre pamphlétaire actuel préféré, John Holloway, se félicite que les zapatistes aient rompu avec panache avec ce que le souvent très fataliste Michel Foucault appelait «  l’amertume de l’Histoire », soit une lecture cafardeuse des répressions apte à vite faire de nous des désillusionnés inoffensifs.

À la contre-attaque, les compañeros !

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