Drone de guerre

Que la guerre virtuelle est fun quand on est du bon côté de la manette de jeu. Assis peinards dans des centres climatisés loin des champs de bataille, de courageux Américains pilotent les drones qui traquent les terroristes islamistes du Yémen à l’Afghanistan. Pour gagner, il faut buter un max d’ennemis, un big boss jihadiste rapportant plus qu’un vulgaire combattant. Le quotidien pakistanais The News International a calculé leur score concernant les territoires tribaux du nord du pays, un des terrains de jeu préférés de la Maison Blanche. En 2010, 124 attaques de drones ont tué 1 224 personnes : 481 « terroristes » dont vingt cibles à « hautes valeurs » pour 703 civils. Il n’y a pas de quoi pavoiser, qu’importe, cela suffit à faire la une des médias internationaux quand il y a un beau carton, donnant ainsi l’impression que la victoire est au bout de la manette. Sur le terrain de la réalité, ces succès médiatiques ont tout d’une victoire à la Pyrrhus. Les médias pakistanais font leurs unes sur les victimes civiles, la population proteste contre ces atteintes à la souveraineté nationale, et les Talibans recrutent à tour de bras. Pour une tête coupée, il pousse dix jihadistes on ne peut plus motivés pour combattre ces pleutres qui tuent sans prendre de risque. Certains observateurs craignent qu’à ce rythme, le Pakistan tombe dans la gibecière des intégristes d’ici quelques années. Mais comme Washington n’a pas de stratégie de rechange, les drones continueront de voler à la recherche de proies à frapper. The show must go on.

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