Les brutes
Voilà, voilà, chers nostalgiques de la plume d’oie, je m’extirpe péniblement d’une gueule de bois de huit jours pour vous envoyer quatre lignes tout aussi péniblement extorquées à mes mains qui ne savent plus que pianoter. J’en profite pour abonner Victor, instit’ dans les quartiers Nord […] Voilà, rien de plus. Juste vous dire le réconfort que vous êtes dans ce monde de brutes (pas toutes en djellaba, il s’en faut) : surtout restez ce que vous êtes et craignez jamais degun !
Anne, cybermamie.
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Les monstres
Tu sais que je t’adore. Je te lis depuis des années, me suis abonné, désabonné, réabonné. J’ai tenté de te vendre mais je n’étais pas très doué pour ça. Il faut croire que j’avais du mal à me séparer de toi. Même en plusieurs exemplaires. Je t’ai quand même offert à mes proches.
Non, je ne postule pas pour la palme du fayot. Ça c’est un autre journal avec lequel il m’arrive de te tromper. Tu ne m’en voudras pas, j’espère.
Non, je ne te fais pas la cour et en voici la preuve. J’en ai déjà eu la vague impression dans le passé, mais ce mois-ci, dans ton dossier « conspi » (CQFD n°127), je t’ai trouvé particulièrement dogmatique et idéologique. […] Dans l’article sur les « banquiers juifs », il a fallu attendre la fin pour découvrir le lien avec le titre, et ce sans lien établi entre antisémitisme et anti-finance. Si ce n’est que les deux sont à vos yeux des « conspirationnistes ». Que l’on considère la critique exclusive de la finance comme une fausse piste politique, soit. Mais je n’ai absolument pas compris en quoi cela les relie aux théoriciens de la « finance juive ». Pour seule explication, l’auteur affirme que la critique de la finance ressemble à l’idée que les juifs contrôlent la finance. De même, aucune explication pour avoir fourré Étienne Chouard dans le même sac que Dieudonné et Soral. Ça aurait mérité au moins une présentation des griefs que certains peuvent avoir vis-à-vis de sa pensée, beaucoup moins connue du grand public – car moins médiatisée – que celle de Dieudonné et Soral. […]
Si le « conspirationnisme » consiste à voir des complots partout, comment appelle-t-on le fait de voir des conspirationnistes partout ? […]
« Celui qui lutte contre les monstres doit veiller à ne pas le devenir lui-même. Or, quand ton regard pénètre longtemps au fond d’un abîme, lui aussi, pénètre en toi. » (Nietzsche)
Avec tout mon amour,
Jeremy
Il nous semble que l’article de Patrick Marcolini est suffisamment clair : la personnification de la domination à travers quelques banquiers de la finance permet à quelques esprits tordus de faire rimer anticapitalisme avec antisémitisme et d’y voir, alors, le vieux complot de la « finance juive mondiale et apatride ». Bien sûr, il ne s’agissait là que d’une présentation rapide d’idées développées dans les ouvrages de Robert Kurz ou Moishe Postone comme Critique du fétiche-capital. Le capitalisme, l’antisémitisme et la gauche (PUF, 2013). En ce qui concerne Chouard, certes, on ne peut pas réduire sa pensée tâtonnante, ou le juger uniquement à ses (nombreuses) mauvaises fréquentations – à ce titre, on sait que Judas Iscariote en avait d’excellentes. Cela dit, la myopie de Chouard est assez déconcertante. On pourra y revenir mais en attendant on vous conseille la lecture de l’article d’Alternative libertaire : « Rouges-bruns : Ne pas Chouard dans le confusionnisme ».
Le Chien rouge