Bouquin

Contrées magnifiques

«  Le monde est très grand et plein de contrées magnifiques que l’existence de mille hommes ne suffirait pas à visiter  », écrivait Arthur Rimbaud depuis Aden. Après Constellation – Trajectoires révolutionnaires du jeune XXIe siècle et un court opus produit dans l’urgence, Défendre la zad, le collectif Mauvaise Troupe continue d’explorer les soubresauts des contrées en résistance. Dans Contrées - Histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa (éditions de l’Éclat), la Troupe se penche sur deux luttes emblématiques en cours avec toujours la même antienne en bandoulière  : «  Ce qui se dégage de plus profondément politique se niche jusque dans les plis de l’existence.  »

Micro au poing et bottes aux pieds, le collectif a réalisé durant près d’un an une centaine d’entretiens entre le bocage nantais en lutte et la vallée piémontaise qui résiste. Chaudes et modestes, opiniâtres et enjouées, Contrées détonne tout d’abord de par la diversité des voix-rivières qui viennent irriguer ces deux mouvements-fleuves. Paysan acharné ou monitrice de ski, cheminot ou toto turinois, retraité ou hôtelier libertaire, tous retracent l’histoire sinueuse de ces luttes, tout en colères et espoirs, petites et grandes victoires.

À l’heure de la mascarade démocratique que sera le référendum du 26 juin prochain sur l’utilité du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Contrées revisite entre autres la densité politique des mots «  peuple  » et «  territoire  ». Ces deux luttes étant devenues «  populaires  » et leurs territoires s’étant (re)peuplés d’âmes, le livre revient autant sur la culture née au sein des deux mouvements – drapeaux et Madone, chansons et rites – que sur les imaginaires que portent les expériences d’occupation telles les Libres République de Venaus et Maddalena ou les Zones à Défendre.

Mais, Contrées vient surtout faire écho aux manifestations en cours contre la loi Travail et son monde quand il s’attelle à défricher l’épineuse question  : comment faire mouvement  ? Comment continuer à mettre en perspective agir politique et intime  ? Zadistes, No-TAV et nuitdeboutistes sont confrontés aux même pièges à désamorcer  : la répression policière croissante, les tensions internes à la lutte ou encore les permanentes tentatives de division de la part de l’État. Ici, pas de réponses monolithiques mais des sillons creusés par ces deux mouvements, semés de pratiques de lutte et d’expériences collectives. «  Nous arrêter est impossible » aiment à scander les No-TAV, et on aimerait, en refermant le livre, que l’on devienne tous définitivement impossible à arrêter.

Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.

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