En matière de sécurité intérieure, on avait les grosses ficelles de la droite décomplexée ; depuis six mois, on feint de découvrir celles de la gauche des cons tout court. À ces homologues d’Europol, le premier flic de France a rappelé les cibles à ne pas rater : les islamistes radicaux, l’ultragauche et la mafia. Sauf que pour être complet, Manuel aurait dû ajouter les indépendantistes basques à son triptyque de la peur.
Bien décidé à flinguer un processus de paix engagé avec ETA depuis un an, le ministre préféré des Français a réussi le tour de force de raviver, en une brève séquence, colère et indignation chez le peuple basque. Le 28 octobre dernier alors qu’il déclare à El País que la France ne lâcherait pas une miette d’autonomie tant que ETA n’aurait pas remis ses stocks d’armes, deux indépendantistes se font médiatiquement cueillir par les cagoulés du RAID. Le 1er novembre, c’est la militante de Batasuna Aurore Martin qui se fait « fortuitement » serrer par la flicaille et rapidement transférer à la prison espagnole de Soto Real. Martin était sortie de la clandestinité depuis un an, même Guéant n’avait pas osé y envoyer ses chiens. Valls, lui, assume. La main gauche près de l’étincelle, le talon sur le baril de poudre. On dirait même qu’il attend.