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Au-delà des TAZ, le Jihad anarchiste !


paru dans CQFD n°103 (septembre 2012), rubrique , par Noël Godin, illustré par
mis en ligne le 07/11/2012 - commentaires

par Rémi {JPEG}Il est assez étrange que personne n’ait relevé (tout du moins à ma connaissance) que l’inventeur de l’éperonnant concept des zones autonomes temporaires ou TAZ, Hakim Bey, travaillait sacrément du citron. Ses écrits pamphlétaires couillus, godillant souvent en même temps dans l’ésotérisme, la linguistique, l’anthropologie, la gastrosophie, la polémologie, le soufisme et l’anarcho-situationnisme, prennent souvent de drôles de chemins, tour à tour phosphorescents et opaques, éclairants et biscornus. En atteste la toute récente traduction de son Millénium de 1996 (Éditions Le Mot et le Reste comme l’an dernier de ses Sermons radiophoniques) par l’énigmatique Fleur Ramette.

Puisque l’ennemi aujourd’hui, nous dit-il, est moins l’État ni même le Spectacle selon Debord que le Capital libéré de la politique, des religions et des frontières, il y a lieu de se livrer contre lui à un nouveau style de « propagande par le fait » : le Jihad. Ne plus s’en tenir, pour notre émancipation immédiate, à la création de TAZ, mais tendre à une sorte de « zone autonome permanente », raccordant entre eux des groupes de combat et des expériences alternatives, qu’on pourrait identifier au « millénium ». Autrement dit, à la révolution libertaire en marche menée par « des millions de travailleurs, de fermiers, de peuples tribaux, de marginaux, d’artistes de toutes classes, d’hérétiques et même de commerçants et de professionnels petits-bourgeois ». Hakim Bey précise qu’il voit le nouveau monde comme l’avènement du « fédéralisme néo-proudhonien » garantissant la liberté totale à « chaque point d’organisation dans le rhizome, aussi petit soit-il – même pour un seul individu, ou un tout petit groupe de sécessionnistes ».

On accompagne de bon cœur Hakim Bey dans ses exultations, d’autant mieux qu’il a l’art, assez cocasse à vrai dire, d’éviter les chausse-trappes de justesse. Parfois d’extrême justesse : Bey ose nous sortir, par exemple, que le « millénium », auquel les rebelles aspirent, c’est… la venue du messie. Mais il ajoute aussitôt que le messie, pour lui, est une collectivité en lutte dans laquelle chaque individualité peut se réaliser dans sa différence et avec ses propres modes de résistance au système.

On attend les dernières observations d’Hakim Bey avec curiosité. Éditeurs et traducteurs, à l’attaque ! Il nous brûle de savoir comment le gaillard perçoit le soulèvement d’Oaxaca, les canulars des Yes Men, les colères des Indignés ou les frasques de Black Blocks se réclamant de lui.



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Par Noël Godin


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