Tous délinquants !

S’il est une date que la mairie de Marseille respecte avec obséquiosité, c’est bien celle du 17 octobre qui chaque année marque la « journée mondiale du refus de la misère ». En 2011 et en 2012, c’est donc pour célébrer, sans aucune hypocrisie, cette opposition farouche et déterminée au malheur et au dénuement qu’elle a choisi de publier, puis d’affiner, un arrêté municipal « destiné à ramener la tranquillité dans l’espace public en réprimant la mendicité agressive ». Aux forces de l’ordre donc de faire appliquer cette loi municipale lorsqu’elles croisent un dangereux contrevenant, le plus souvent démuni et frigorifié. Ainsi, en cette fin novembre, la dame, chaque jour assise-là avec son gobelet à la main, à l’angle de la rue, depuis des mois, voire des années, est une délinquante de choix. Et un pandore de s’abattre sur elle. Mais elle ne comprend pas, parle mal le français, s’effraie et pleure. Qu’importe. Un procès verbal est dressé. La dame n’ayant pu produire un papier d’identité, le gardien de l’ordre la baptise du nom de « Piéton » et lui délivre une contravention de 135 euros. Zèle ou ironie ? Reste qu’une telle qualification ouvre des potentialités jusqu’alors ignorées…

Ndlr : nous avons effacé les indications trop précises qui désigneraient le jour et le lieu et risqueraient de mettre en difficultés la contrevenante, et peut-être aussi le policier…

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