« Les guerriers repartaient, je ne comprenais pas / Tout le chemin qu’on avait fait, pour en arriver là. »
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Le foot, on aime pas spécialement, mais quand l’ennemi pavoise, tout fringuant de pognon, on estime comme tout Marseille que la bataille mérite d’être menée, pour le courage, pour pas qu’il y ait de faille. Et même on s’enflamme : ils vont voir ce qu’ils vont voir, les peigne-culs. Confiant, l’auteur de ces lignes se hasarde à un pronostic : 3-2 pour l’OM, avec doublé de Benedetto et Mbappé qui sanglote au coup de sifflet final. Bah ouais.
21 h 45. C’est la mi-temps. On sirote des pastis en terrasse. Plus grand monde dans le bar. Ça cause insurrection mondiale, dossier Marseille à finaliser, élégance vestimentaire de Bruno, dernières frasques d’Hakim, le fils du forgeron… De foot, il n’est plus trop question. Toute façon, ça nous a jamais intéressés ces conneries : 22 abrutis qui se disputent une baballe, l’humanité mérite mieux. Paris mène 4 à 0.
23 h. Quelqu’un ose un « Ça s’est joué à rien, un poil de cul », qui fait rire jaune. Mika vante le Red Star, parfait avatar du foot populaire. Clair la hyène rigole, parle de « Bérézina », mais faudrait voir à pas oublier quelle équipe de merde il supporte, l’amoureux d’Aulas [2]. Dans l’ensemble, les troupes la ramènent pas des masses. Il fait frisquet, dis donc, le vent souffle sur la Plaine.
Ce lundi matin, 11 h, au local. On turbine pour terminer ce numéro. Mines sérieuses, visages gueule de bois, postures tendues. Sûr que quelqu’un va bientôt débouler pour poser la question : « Alors, ce match ? » Sûr aussi qu’on répondra : « Un match ? Quel match ? » C’est qu’on a un journal à faire nous. Pas de temps à perdre avec ces fariboles. Le foot, c’est pour les neuneus.