Piloter l’essaim antiterroriste

Ces dernières années, des espèces mutantes sont apparues dans le sud de la péninsule arabique et la Corne de l’Afrique, de drôles d’insectes ailés qui portent des noms de super-méchants de comics books. Originaires d’Amérique du Nord, les Predators et autres Reapers sont de la famille des drones, et leur gibier de prédilection est le terroriste, de préférence islamiste, qu’ils pourfendent de leurs dards mortels : bombes guidées par laser, missiles Hellfire… Leur écosystème est centré sur le golfe d’Aden, artère majeure du trafic international d’or noir. Ils sévissent au Yémen et, plus récemment, en Somalie. Plusieurs essaims ont été découverts en Afrique, ainsi que dans l’océan Indien. À Djibouti, une douzaine de spécimens ont élu domicile à Camp Lemonnier, seule base militaire américaine sur le continent hébergeant 3 000 troufions. Aux Seychelles, trois ou quatre Reapers logent depuis 2009 dans un hangar de l’aéroport international de Mahé, où ils sont bichonnés par une centaine de militaires américains et leurs sous-traitants. Fin octobre, un nouvel essaim a été découvert au sud de l’Éthiopie, un nombre encore inconnu de drones tueurs se cachent derrière la haute clôture de bâtiments situés sur l’aéroport d’Arba Minch, non loin de la Somalie. C’est la dernière mouture de l’American way of war : de courageux combattants de la liberté et de la démocratie traquent leurs proies confortablement installés devant un écran vidéo. Ils doivent dégoter le terroriste caché dans une botte de Somaliens avant d’appuyer sur la gâchette pour rendre une justice expéditive. À Mogadiscio, la moustiquaire en cotte de mailles est de rigueur.

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