Presse aux ordres socialistes

Médias : Censurer ou posséder, c’est toujours contrôler

Par Charmag.

Les journalistes seraient méchants avec les socialistes. Lors de notre entretien avec Aleksander (Cf. cet article), permanent à la fédération de Paris du PS, celui-ci s’est plaint que les médias aient largement donné dans le « Hollande bashing dès son élection », laissant entendre que cela n’aidait en rien la saine politique du gouvernement. Voilà qui laisse dubitatif. Évidemment, on peut se souvenir de unes du Point particulièrement malveillantes, d’éditos du Figaro hostiles, ou encore de quelques articles très critiques dans les colonnes de votre mensuel préféré. Mais à part cela, les médias mainstream ont fait ce qu’ils savent faire le mieux  : ne pas prendre d’autre parti que celui des, ben, heu… des partis.

Toutefois, une belle palanquée de députés socialistes ont trouvé que ce n’était pas suffisant. Le 18 novembre dernier, dans le cadre du vote de prolongation de l’état d’urgence, ces tristes sires comptaient proposer un amendement pas piqué des vers. Qu’on en juge plutôt : ces « Charlie » dans l’âme souhaitaient que les autorités administratives – principalement les préfectures – puissent « prendre toutes mesures pour assurer le contrôle » de la presse. La formule ne laisse planer aucun doute : censure, interdiction de publication et coupure d’antenne…

Anastasie. Par André Gill en 1874.

L’argument ? Les députés évoquaient l’attitude de certains médias lors des attentats de janvier 2015 à Paris, où des journalistes avaient gêné les opérations de police autour de l’Hyper-casher et mis en danger la vie de certains otages avec leur course à « l’exclu ». Mais de là à ressusciter Anastasie… Par ailleurs, cet amendement concernait aussi les représentations théâtrales et les projections de films. Imagine-t-on des saltimbanques commettre des « manquements [pouvant] mettre en danger nos concitoyens et les forces de l’ordre » ? L’amendement a finalement été retiré, la ficelle étant sans doute trop grosse. D’autant plus qu’il en existe d’autres, moins voyantes, et tout aussi efficaces.

Le récent remaniement ministériel nous en a offert un bel exemple. Il a été l’occasion d’un surréaliste édito à reluire, le 12 février dernier, dans La Dépêche du Midi, deuxième quotidien régional de France. « Hollande réussit la meilleure synthèse de gauche possible » avec « sang-froid » pour « réunir une équipe de combat, la plus élargie possible, alliant la jeunesse à l’expérience », y affirmait sans vergogne Jean-Claude Souléry. Qui omettait de signaler que les nouveaux membres du gouvernement sentent toujours bon. Il ne signifiait pas davantage que sa patronne, Marie-France Marchand-Baylet, n’est autre que la compagne de Laurent Fabius et l’ex-femme du proprio de ce canard domestiqué…, Jean-Michel Baylet, le Citizen Kane du Sud-Ouest, patron du Parti radical de gauche, allié de toujours du PS et... tout nouveau ministre de l’Aménagement du territoire ! Pour faire taire un journaliste, c’est tout simple : soit tu le censures, soit tu lui donnes la becquée.

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