Malek Boutih, flash-ball au PS

C’était si prévisible que c’en est douloureux : Malek Boutih accédant à la direction du parti socialiste, comme s’ils étaient toujours à la fin des années 80, quand le PS servait de bassin d’écoulement aux eaux déjà usées de SOS Racisme. Il y a quinze ans, le transfuge s’appelait Harlem Désir. Aujourd’hui, c’est Malek Boutih. Entretemps, le PS est devenu un cimetière, mais Boutih n’en ressent pas moins sa mise en bière comme une promotion. Et c’est bien ce qui surprend dans son parcours d’oppurtuniste futé. Comme il l’admet lui-même, le président de SOS Racisme se serait bien vu ministre dans le gouvernement Raffarin (Le Parisien, 20/05/2003). Une sympathie réciproque le lie au ministre des flash-balls : « Sarkozy m’a dit qu’il trouve plutôt bien que je m’engage en politique ». Il dit aussi avoir du « respect » pour Chirac, qu’il a accompagné durant son voyage officiel en Algérie, et auquel il n’a pas manqué de passer un coup de fil pour l’informer de son ascension dans l’appareil hollando-strauss-kahnien : « J’ai eu des relations avec lui, c’est la moindre des politesses de le prévenir avant tout le monde ».

Poli avec le président, Boutih l’est beaucoup moins envers la population dont il s’est érigé en porte-parole. « Les barbares des cités, il n’y a plus à tergiverser, il faut leur rentrer dedans, taper fort, les vaincre, reprendre le contrôle des territoires qui leur ont été abandonnés. Et vite ! », s’égosillait-il il y a un an (Le Monde, 12/06/2002). Taper dur et vite : tout le programme de l’UMP en quatre mots. Méprisant les sans-papiers, dont il juge le « combat dépassé », se vantant de n’avoir « jamais interrogé son père sur ses années FLN » (Libération, 18/02/2000), parce que l’histoire des colonies est évidemment sans intérêt pour comprendre les discriminations d’aujourd’hui, l’ami de Julien Dray est l’Arabe que les racistes rêveraient d’avoir pour gendre. Juste avant les élections présidentielles, au plus fort de l’hystérie sécuritaire, on pouvait le voir sur le plateau de « Mots croisés » (13/05/2002), cauchemardesque émission de « débats » sur France 2, joignant ses vues à celles d’une brochette de commissaires-la-bavure. Sus à « l’insécurité », halte au « laxisme » ! Mais à la différence de ses comparses, Boutih ne s’exprime pas au nom des classes moyennes ou supérieures. C’est en « fils d’ouvrier, né en banlieue, militant associatif qui croit en la politique et en la gauche », comme chante François Hollande (16/05/2003), que Boutih vient sous les projos vomir sa haine doucereuse des fils d’ouvriers nés en banlieue et qui, eux, effectivement, ne croient plus guère en la gauche - et n’ont pas forcément la politesse de « prévenir » l’Elysée quand ils se dégotent un job chez Speedy Pizza. Récompensé pour son rôle de harki auprès des père-fouettards, Boutih quitte SOS Racisme, qui ne lui sert plus à rien, mais conserve son poste de directeur des relations institutionnelles à Skyrock, la sangsue FM qui a transformé le rap en lessive ammoniaquée. Un modèle d’intégration, là encore.

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