Mac Do

Les matraques aiment les Big Mac

Faut pas rigoler avec les cheeseburgers. Le 30 mai, Ryad, un gréviste CGT du McDonald’s parisien de Strasbourg-Saint-Denis, entre dans le McDo de Boulogne armé de tracts séditieux. Alertés par la directrice, les policiers accourent pour rétablir la paix sociale : Ryad est jeté à terre par cinq flics, étranglé avec une matraque, puis emmené au poste pour deux jours de garde-à-vue. Grâce à l’avocate des grévistes, Ryad aura évité de justesse une comparution immédiate synonyme de placard. Mais il reste poursuivi pour « rébellion et outrage à agent » et comparaîtra le 2 juillet en correctionnelle. Cette justice au cholestérol ne met pas fin pour autant au cauchemard de McDonald’s : la grève à Strasbourg-Saint-Denis. Entamé le 11 mars, ce mouvement tenace fait suite au licenciement de Tino, sous-directeur et délégué CGC, coupable d’« insubordination » selon la direction. Le même restau avait déjà connu cent quinze jours d’occupation en 2001, après le licenciement d’un délégué qui avait réclamé la tenue d’élections professionnelles. Quatre salariés avaient alors appelé à la grève. Virés à leur tour, ils s’étaient vus, en prime, accusés de vol. Depuis, les licenciés ont été réintégrés par le tribunal des prud’hommes, Tino ayant témoigné en leur faveur. Voilà pourquoi McDo veut sa peau. Au-delà, disent les grévistes (29 salariés sur 30), c’est tout l’établissement qui est visé : la direction ne supporte plus ce foyer d’agitation composé de banlieusards basanés et syndiqués. Comble de malchance pour le grand M jaunâtre, l’inspection du travail refuse d’avaliser le licenciement de Tino. Comme si le droit du travail n’était pas encore totalement soluble dans l’huile de friture.

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Paru dans CQFD n°2 (juin 2003)
Dans la rubrique Billets

Par Hartal
Mis en ligne le 05.06.2003