LES CROCS
MATONS CAGOULÉS
En février dernier, Dominique Perben autorisait le personnel pénitentiaire à intervenir cagoulé dans toutes les prisons de France. Officiellement, pour protéger les matons - que l’on sait pudiques et vulnérables - contre le regard indiscret ou menaçant des taulards. Il n’a pas fallu six semaines pour que le droit aux sévices anonymes trouve son vrai champ d’application. Le 5 mai dernier, une dizaine de surveillants pénètrent en force au quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Bois d’Arcy, où se trouvaient plusieurs prisonniers transférés arbitrairement suite à la révolte de Clairvaux. A la fouille brutale succèdent la mise à nu, les insultes et les coups. A dix contre un, les porteurs de cagoules se déchaînent contre deux des neuf isolés avant de leur faire traverser une partie de la taule nus devant les personnels féminins et masculins de l’établissement. L’un des deux blessés, Laurent Jacqua, a porté plainte, certificat médical à l’appui. Mais comment identifier des hommes en tenue de bourreau ? Et comment espérer justice quand le garde des Sceaux lui-même invite les matons à cogner incognito ? Bonne nouvelle quand même pour le marché du travail : compte tenu de la croissance régulière de la population carcérale (plus de 60 000 détenus au 1er juin), il va y avoir de l’embauche chez les fabricants de cagoules.
Infos : http://prison.eu.org
Cet article a été publié dans
CQFD n°2 (juin 2003)
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Paru dans CQFD n°2 (juin 2003)
Dans la rubrique Billets
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Mis en ligne le 05.06.2003
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