Cinq jours avant que le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, ne supplie l’Europe de sauver les banques ibériques, dix mille mineurs ont envahi les rues de Madrid afin de protester contre la réduction de deux tiers des financements publics alloués à l’industrie minière. C’est à coups de matraque, de gaz et de balles en caoutchouc qu’ils ont été reçus à proximité du ministère de l’Industrie. Du Léon à l’Andalousie, la Manche, les Asturies et l’Aragon, les gueules noires sont en grève depuis plusieurs semaines, multipliant les barrages sur les routes et autoroutes et s’affrontant aux forces de police venues les déloger. À Palencia, au nord de Valladolid, une centrale thermique a été bloquée, pendant qu’à Teruel les manifestants scandent que la « ville ne mourra pas ». « Il s’agit d’un mode de vie », déclare le 9 juin sur Telesur un gréviste asturien. Côté aide, les mineurs savent pour l’heure où la trouver : entre eux, au sein des dernières communautés ouvrières qu’ils ne veulent pas voir disparaître et où l’isolement moderne, facteur d’accablement, n’a pas encore totalement conquis les esprits. Et ceci au grand dam des syndicats qui ne cessent d’appeler au calme. Quant aux négociations du comité de suivi du Plan Charbon, qui se tiennent au ministère de l’Industrie, leur résultat est évidemment suspendu aux décisions des instances européennes et de leurs banques… C’est dire combien le suspense est à couper le souffle !