Punk
« Le punk ne se limite plus à la musique. »
CQFD : Pendant des années, tu as animé Folklore de la zone mondiale et la Distroy. Peux-tu revenir sur ces deux projets et nous dire ce qu’ils sont devenus ?
PariA : Folklore de la zone Mondiale (FZM) était le label initié par Bérurier Noir en 2003. Cette structure a permis de publier une quarantaine de disques (nouveautés, rééditions ou coproductions) et quelques livres jusqu’en 2007, avec un fonctionnement assez chaotique quand même : choix éditoriaux volontairement sans recherche de cohérence, refus de faire de la promo et pour certaines prods, boycott de la grande distribution. Mais au final, très peu de productions du label atteindront l’équilibre et après quatre ans de soutien financier par les Bérus, on décide collectivement de stopper la machine.
En parallèle, j’avais créé le site FZM pour nous autodistribuer, puis on en a fait profiter d’autres groupes indépendants, labels, éditeurs, associations… donc un catalogue assez important au final et qu’il était vraiment dommage d’arrêter ! Avec deux autres potes, on a donc poursuivi l’aventure sous forme coopérative, et on s’est alors retrouvés à faire tourner une distro très gourmande en temps et en énergie. Du coup, l’équipe s’est émoussée au fil des années, parce que la vie, ça ne se résume pas à faire des colis, ranger des stocks et tenir une compta ! Et nouveau départ pendant l’été 2012, j’ai passé la main au camarade abFab sur la gestion et le fonctionnement de la Distroy pour mieux me concentrer sur le projet Archives de la zone mondiale.
Sur le site du label Archives de la zone mondiale, tu énonces que « le punk est la dernière aventure du monde civilisé1 ». Blague à part, qu’est-ce qui a motivé ce retour aux sources ? Le travail mené à l’époque du bouquin Nyark Nyark (Zones/La Découverte/FZM, 2007) ? Quelles sont les surprises cachées dans vos cartons ?
Bien sûr que le punk est la dernière aventure du monde civilisé, quelle autre contre-culture propose aujourd’hui autant de sensibilités, autant de disciplines et de savoir-faire « artistiques », de courants musicaux, de structures où s’activent des gens avec l’envie de transformer le vieux monde ? Et quelle meilleure bande-son qu’un bon « poum-tchak » pour y parvenir ? Donc oui, plus que jamais, le punk comme bannière de ralliement. En ce qui concerne Archives de la zone mondiale, l’une des motivations est de rendre de nouveau accessibles des disques vinyles qui ont compté dans l’histoire de cette contre-culture, dont effectivement tu peux retrouver une bonne partie dans Nyark Nyark. Et c’est une réelle satisfaction de rééditer des beaux disques à pas cher, comme le Viva Bertaga des Bérus en vinyle, rien que pour voir les prix des collectors s’effondrer. Nos prochaines surprises, ce sont nos sorties à venir. Rendez-vous dans les prochaines semaines !
Quel regard portes-tu sur la scène punk d’aujourd’hui, plus particulièrement en France ?
En France, musicalement, j’ai l’impression qu’on traverse à nouveau une période difficile, un peu comme dans les années 1990. Il y a un passage de relais qui a dû être raté quelque part, on a peut-être manqué de nouveaux groupes « marquants » cette dernière décennie pour continuer à fédérer du monde. Après, heureusement, le punk ne se limite plus à la musique depuis longtemps, et quand je vois tous ces vieux labels toujours présents, ces distros toujours actives, ces collectifs politiques qui continuent à faire un travail de fond, ces groupes affinitaires qui investissent des lieux et des bâtiments pour y vivre leurs utopies… Autant de gens qui essayent d’échapper à la machine-à-broyer-ta-vie et qui évoluent dans un vaste réseau solidaire, c’est aussi ça la force de notre mouvement aujourd’hui !
Parallèlement à tout ceci, te voici désormais animateur du punxforum. Kesako ?
Tout simplement la continuité du forum Dynamite que son fondateur (Yanic) souhaitait arrêter. Quand il a annoncé la mauvaise nouvelle, une petite équipe s’est rapidement proposés pour prendre la relève… C’était un très vieux forum, qui parle beaucoup de punk évidemment mais aussi d’un milliard d’autres choses. De très nombreux activistes de la scène hexagonale : fanzines, radios, labels, assos, groupes, participent quotidiennement, ils/elles sont presque tou-te-s là. Mais pour les reconnaître derrière leurs pseudos, il te faudra un peu de temps !
Un dernier mot ?
Merci à toi et longue vie à CQFD, même si c’est pas simple apparemment en ce moment. On a encore besoin de vous, la lutte est loin d’être gagnée !
Propos recueillis par Nicolas Norrito
1 Rendons à OTH ce qui appartient à OTH, la formule initiale – « Nous croyons que le Rock’n’roll est la dernière aventure du monde civilisé. » – est tirée du morceau « Homme des cavernes modernes » (1985).
Cet article a été publié dans
CQFD n°109 (mars 2013)
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Paru dans CQFD n°109 (mars 2013)
Dans la rubrique Page Musique
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Mis en ligne le 09.05.2013
Dans CQFD n°109 (mars 2013)
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