L’hyperviseur du contrôle total
BIENTÔT 40 000 ÉQUIPEMENTS de vidéosurveillance sur l’Hexagone, ont promis Hortefeux et Alliot-Marie. « Un véritable gaspillage ! », entend-on dire au prétexte qu’il est a priori impossible pour les flics et autres miliciens de gérer en temps réel une telle quantité d’informations. Voilà donc un nouveau marché à prendre ! « Leader mondial des hautes technologies sur les marchés de l’aéronautique, de l’espace, de la défense, des transports et de la sécurité », le groupe Thalès1 s’est attelé à la création d’une nouvelle architecture informatique « totalement novatrice, qui répond aux besoins des systèmes de supervision d’aujourd’hui ». Hypervisor™2 –c’est le nom du système– se propose d’extraire, automatiquement et en continu, l’information utile provenant de toutes les applications existantes et à venir, et de les intégrer afin de générer des alertes automatiques en vue d’apporter des « réponses opérationnelles les plus efficaces ». Le principe est de faire fusionner en un seul système les multiples équipements mouchards et collecteurs d’information sur la population que sont les caméras, capteurs chimiques et de rayonnements du corps humains, nanotechnologies, puces RFID, drones, GPS, etc. Thalès affirme fièrement que son application intègre des algorithmes avancés « qui peuvent être utilisés pour détecter toutes sortes de choses, depuis les objets abandonnés jusqu’aux comportements atypiques [sic !], et réalisent des mesures de flux et de densité de foule pour identifier les congestions potentiellement dangereuses dans l’espace public [re-sic !]. » Profitant des dernières failles avant l’instauration de ce contrôle total, un groupe d’environ quatre-vingts personnes a réussi, le 24 février 2010,à pénétrer dans les locaux de Thalès à Levallois-Perret3 après avoir essoufflé puis semé les poulets en civil et une horde de robocops, lors d’une mémorable course-poursuite à travers Paris…
Voir aussi « Va te faire foutre, ma puce ! » et « Genèse du techno-pouvoir : le projet Manhattan ».
1 Autrefois nommé Thomson, cette société, impliquée dans une multitude de scandales, a changé de nom en 2000.
2 Voir les sites : http://www.thalesgroup.com/Markets/... et http://www.piecesetmaindoeuvre.com/... ;id_article=234.
3 Thalès Secure Solutions : 96, rue Édouard-Vaillant, 92300 Levallois-Perret.
Cet article a été publié dans
CQFD n°76 (mars 2010)
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Paru dans CQFD n°76 (mars 2010)
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Mis en ligne le 13.05.2010
Dans CQFD n°76 (mars 2010)
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