Justice borgne

Le 14 et 15 janvier dernier, deux fonctionnaires de la brigade anti-criminalité, l’agent Walter Lebeaupin, le brigadier-chef Jean-Michel Moinier, ainsi que le policier municipal Jim Manach, tous trois en poste dans la ville de Grasse (Alpes-Maritimes), étaient rejugés devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence pour la mort de Hakim Ajimi. Le 9 mai 2008, ce jeune Tunisien de 22 ans, décédait, alors même qu’il était menotté aux mains et aux pieds, suite à un écrasement de la cage thoracique et une clé d’étranglement pendant plus de six minutes. Le responsable de ce geste avait courageusement plaidé le fait qu’une telle pratique ne ressortissait pas de sa responsabilité mais de celle de sa hiérarchie…

Après délibérations, le tribunal avait confirmé les peines de 24 mois de prison pour Lebeaupin, 18 pour Moinier et 6 pour Manach, toutes évidemment avec sursis. Le 22 mai, c’était au tour de deux personnes proches de la famille Ajimi d’être jugées devant le tribunal correctionnel de Grasse. Leur tort supposé : deux policiers accusent Dorsaf Briki et Walid Klai de les avoir montrés du doigt en les traitant d’assassins à l’occasion d’une manifestation dans les rues de Grasse, le 19 janvier 2012, lors du premier procès des policiers impliqués dans la mort de Hakim Ajimi. Le procureur a requis quatre à six mois de sursis contre les deux prévenus. En attendant le rendu du délibéré qui doit avoir lieu le 17 juin on ne peut que suffoquer devant une demande aussi scrupuleuse d’égalité devant la loi.

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Paru dans CQFD n°112 (Juin 2013)
Dans la rubrique Billets

Par Gilles Lucas
Mis en ligne le 24.07.2013