Dossier : Libérons les terres
Des ZAP pour zapper la spéculation
Les mains épaisses et la moustache d’un président du conseil, Michel Apostolo porte ce jour un tee-shirt « Sauvons la Culture » : « Les propriétaires de terres ne veulent pas louer aux paysans, ils spéculent en attendant que les terrains soient constructibles. » Dans le Luberon, 30% des exploitations ont disparu en dix ans, et la surface agricole a régressé de 17%. C’est ce qui a conduit une centaine de militants de la Confédération paysanne du Vaucluse à labourer et remettre en culture, il y a un an, une parcelle en friche de 4 hectares à Lauris. « Il y avait trois tracteurs qui passaient les disques, un autre qui labourait et le dernier semait du sorgho sur lequel on pouvait lire ZAP, Zone agricole protégée. »
Un paysan du coin qui cherchait des terres a entamé une procédure de terre inculte auprès du préfet 1 afin qu’il impose la mise en culture. « Le préfet peut obliger à louer, et il existe un Fonds départemental de gestion de l’espace rural (FDGER) pour remettre en culture », précise Michel. Mais dans le Luberon, la spéculation va bon train, et si tout le monde dans la région veut manger bio, la moitié des agriculteurs du coin a plus de 55 ans...
Michel raconte qu’à Brignoles, dans le Var, une autre ZAP a existé. « Ce n’est pas une sanctuarisation, mais on remet en cause le droit d’usage de ces terres qui pourraient faire l’objet d’un bail au bénéfice d’un paysan », ajoute-t-il. De fait, au comité technique de la Safer, organisme en charge des transactions agricoles en France, on lui a subtilement répondu : « Tu veux faire un kolkhoze ? » Toujours dans le Var, au Cannet-des-Maures, le maire avait tenté de mettre 30 hectares de terres agricoles en construction, mais il a dû faire machine arrière après un recours juridique et une action symbolique de mise en culture. « Nous avons peu de moyens militants face à l’artificialisation », concède Michel. Or, comme le clament ces paysans : « La terre agricole, c’est notre outil de travail, pas votre tirelire ! »
La suite du dossier
France : Le sel de la terre accaparée
L’accaparement des terres est un nouveau visage du colonialisme
Politiques de terres volées
Cet article fantastique est fini. On espère qu’il vous a plu.
Nous, c’est CQFD, plusieurs fois élu « meilleur journal marseillais du Monde » par des jurys férocement impartiaux. Plus de vingt ans qu’on existe et qu’on aboie dans les kiosques en totale indépendance. Le hic, c’est qu’on fonctionne avec une économie de bouts de ficelle et que la situation financière des journaux pirates de notre genre est chaque jour plus difficile : la vente de journaux papier n’a pas exactement le vent en poupe… tout en n’ayant pas encore atteint le stade ô combien stylé du vintage. Bref, si vous souhaitez que ce journal puisse continuer à exister et que vous rêvez par la même occas’ de booster votre karma libertaire, on a besoin de vous : abonnez-vous, abonnez vos tatas et vos canaris, achetez nous en kiosque, diffusez-nous en manif, cafés, bibliothèque ou en librairie, faites notre pub sur la toile, partagez nos posts insta, répercutez-nous, faites nous des dons, achetez nos t-shirts, nos livres, ou simplement envoyez nous des bisous de soutien car la bise souffle, froide et pernicieuse.
Tout cela se passe ici : ABONNEMENT et ici : PAGE HELLO ASSO.
Merci mille fois pour votre soutien !
1 Le Code rural prévoit que toute terre en friche, n’étant manifestement pas exploitée par son propriétaire, peut être réquisitionnée afin d’être cultivée par un agriculteur.
Cet article a été publié dans
CQFD n°133 (juin 2015)
Trouver un point de venteJe veux m'abonner
Faire un don
Paru dans CQFD n°133 (juin 2015)
Dans la rubrique Le dossier
Par
Mis en ligne le 01.09.2015
Dans CQFD n°133 (juin 2015)
Derniers articles de Christophe Goby
3 septembre 2015, 17:16
Salut ! Ici un film de l’action à Lauris : https://youtu.be/zac1IQq8cD8
Par les Chroniques Marseillaises
Pour se mettre dans l’ambiance
Amicalement
Noé