Bulles pas pâles
Au rayon CQFBD
• Ça vous dit, une histoire de bandits du siècle dernier, trois acolytes, leurs colts, leur guimbarde, la femme du chef et le minot en bas âge ? Vous avez tout ça dans La Bande à Foster, de Conrad Botes et Ryk Hattingh. En 1914, les tribulations de Foster, Mezar et Maxim – la gâchette du groupe – vont laisser de cuisants souvenirs à la flicaille de Johannesburg. Si l’on achoppe parfois sur la traduction, voilà tout de même un chouette parcours de truands. Chouette, et sordide, car forcément ça finit mal.
• Les trois mousquetaires ont été tant et tant essorés qu’il semblait difficile d’en extraire une nouvelle adaptation. Que nenni ! Agnès Maupré, avec sa Milady de Winter, remet au goût du jour les soldats du roi en plaçant au cœur du récit la plus célèbre des intrigantes. Marquée à l’épaule par le sceau de l’infamie, Milady est parfois prise de terribles accès de violence, comme en témoigne le décès accidentel de Lord de Winter. D’Artagnan devrait se méfier davantage… On attend le second tome pour le début de l’année.
• Grâce à FRMK, c’est tout de suite que l’on peut (re)lire Le Dieu du 12. Cette maison d’édition belge a fait un magnifique boulot en rééditant ce « rescapé : la première fois d’une publication originale très désastreuse. La seconde, de l’incendie criminel qui détruisit toutes les planches très originales, sauf deux », explique l’auteur, Alex Barbier. Barbier ? Mais si ! Il a débuté en traînant ses BD dans Charlie mensuel dans les années 1970, avec son univers sombre, nu, ô combien angoissé, mais terriblement vivant. Une mention spéciale pour la couverture toilée avec empreinte à chaud et image incrustée – à caresser longuement !
• Tout cela manque de grosse poilade ? C’était avant d’ouvrir La Rupture tranquille, de Terreur Graphique – c’est l’auteur, tout un programme. Le sous-titre ? Ensemble, tout devient pénible. C’est crade, exquis et, surtout, terriblement drôle.
• Plus fin, plus décalé, plus grinçant encore, mais tout aussi marrant : Les Melons de la colère, de Bastien Vivès, paru chez nos camarades des Requins marteaux. C’est dans leur collection « BD cul », mais il n’est point aisé d’astiquer le poireau ou faire reluire l’abricot d’une main quand on rit noir de l’autre !
• Pour finir, L’Almanach du dessin de presse et de la caricature 2011, où l’on retrouve nombre de copains de CQFD – Jiho, Berth, Valère, Mric, Lindingre, Lerouge, Lasserpe, Samson, Aurel – et beaucoup d’autres. L’avant-propos revient sur le limogeage de Siné de Charlie Hebdo, prenant fait et cause pour not’ Bob. Est-ce par mesure de rétorsion qu’il n’y a aucun dessin de la bande à Charb dans ce recueil ? On notera aussi l’absence de tous ceux du Canard – Pétillon, Cardon, l’ami Lefred-Thouron… Dommage.
Conrad Botes et Ryk Hattingh, La Bande à Foster, L’Association, 2011.
Agnès Maupré, Milady de Winter, tome 1, Ankama, 2010.
Alex Barbier, Le Dieu du 12, FRMK, 2011.
Terreur Graphique, La Rupture tranquille – Ensemble, tout devient pénible, Même pas mal, 2011.
Bastien Vivès, Les Melons de la colère, Les Requins marteaux, 2011.
Feco, L’Almanach du dessin de presse et de la caricature 2011, Pat à Pan, 2011.
Cet article a été publié dans
CQFD n°95 (décembre 2011)
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Paru dans CQFD n°95 (décembre 2011)
Dans la rubrique Culture
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Mis en ligne le 20.01.2012
Dans CQFD n°95 (décembre 2011)
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