Amour (tarifé), gloire (des putains) & débat d’idées.

En réactions à l’article « Cachez ces putes… » de Sébastien Navarro, CQFD n°117.

C’est assez fatiguant et déprimant et désolant de retrouver dans CQFD les mêmes arguments et les mêmes interviewées que dans Libé à propos de la loi pénalisant les prostituteurs. Je ne comprends pas dans ces cas-là pourquoi monsieur CQFD ne défend pas le travail le dimanche chez Casto ? Parce que là aussi ça ne sert à rien d’interdire, il y aura toujours de la triche, il y aura du travail au noir qui sera pire… Mais la France n’est pas un pays où tout le monde fait ce qu’il veut. S’il faut dépénaliser l’homosexualité et le syndicalisme, il faut pénaliser, oui, l’évasion fiscale, le viol, et tout ce qui détruit les rapports humains. Là, c’est « pénal=caca ». Vous semblez regretter que les clients aient « peur ». Mais voilà justement tout le but : que la peur change de camp. Bien sûr c’est un sujet délicat et la loi est perfectible, mais c’est assez usant de répéter les mêmes arguments à des militants qui ne savent même plus analyser les rapports de domination. Quand un ouvrier va aux putes, c’est un dominant, donc c’est à lui qu’il faut s’attaquer. Ça semble très difficile à faire passer, même à CQFD.

Casse-Noisette

Par Charmag.

En réaction à l’article « Les 19 salopards » de Casse-Noisette, CQFD n°116.

Attention à la simplification… Si nous (moi pute et mes copines putes) avons également été écœurées par ces connards et pris de plein fouet la putophobie dont ils font preuve juste pour se faire de la pub (je suis bien d’accord sur ça), c’est toujours les mêmes qu’on ignore mais qui sont pourtant au cœur du sujet : les travailleusEs du sexe. Et dans ce billet, la caricature est présente et éternellement la même : la pute à la fois victime et/ou coupable, nos clients des monstres sans âme, l’escort qui se fait du fric facile et la pauvre sans paps avec son proxo, etc. Cependant la réalité est plus complexe… Mais ce qui m’étonne, c’est que j’ai lu l’article de S. Navarro ce matin dans votre numéro de décembre (n°118) en allant voir mon client et je l’ai trouvé très bon, fourni et tout et tout ! D’ailleurs comme celui de 2012 (CQFD n°92, janvier 2012)… Donc pour finir et contrebalancer par rapport à cet affreux lien prostitueur-tumblr.com créé par une abolo super méga méprisante avec nous, je [vous signale] un article de M. Merteuil du STRASS en réaction à ce pseudo manifeste sur le site lexpress.fr. Bonne continuation !

Marie Couche-toi Là.

A monsieur Sébastien Navarro

J’ai lu avec intérêt votre article « Cachez ces putes… » Je suis sidéré de constater à quel point une certaine prostitution est taboue. […] Comme si dans la prostitution il n’y avait que des femmes.? […] On parle d’abolir la prostitution. Mais quelle prostitution ? Il n’y a pas une mais des prostitutions (genres, formes, niveaux) ? Curieusement, dans le débat actuel, je constate qu’on se focalise sur la prostitution féminine, la prostitution masculine n’étant jamais prise en compte. […]

J’ai lu le rapport de madame Bousquet et de monsieur Geoffroy relatif à la résolution sur l’abolition de la prostitution. Je suis en profond désaccord sur certains chapitres. Dans le domaine de la prostitution, il est impossible de fournir des chiffres fiables. Ils sont élastiques et fantaisistes. Ils peuvent passer du simple au double, au triple, voire à beaucoup plus. […] Et ces statistiques provenant du ministère de l’Intérieur concernent uniquement la prostitution de rue (et encore, la plus voyante). Et pourquoi les chiffres de la prostitution de rue sont-ils faux ? Parce qu’ils correspondent au nombre d’interpellations des personnes prostituées par les services de police. Or, certaines populations prostitutionnelles sont peu ou pas du tout interpellées. 90 % des femmes prostituées (ou personnes ?) sont d’origine étrangère. Ce qui est tout à fait logique, car elles sont de loin, pour des raisons évidentes, les plus contrôlées (titre de séjour, domiciliation, p.v., etc.). Concernant la prostitution masculine, à part les travestis et les transsexuels, les prostitués homosexuels sont très peu interpellés. Quant aux prostitués pour femmes (gigolos), ils ne le sont jamais. C’est purement culturel.

[La prostitution masculine en direction des femmes] (j’ai pratiqué cette activité) est particulièrement gênante pour les associations abolitionnistes et certains mouvements féministes. En effet, des femmes clientes d’hommes prostitués, cela enlève pas mal de poids à leurs arguments . […]

Les abolitionnistes demandent au gouvernement une loi d’abolition du système prostitueur. Mais, de droite comme de gauche, les gouvernements successifs sont les premiers proxénètes. Pourquoi ne font-ils pas fermer les salons de massages, les bars à hôtesses, les sexodromes, etc. ? En vérité, les propriétaires de ces établissements se sont fait connaître auprès du Fisc. Ils rapportent donc de l’argent à l’état. Dans le cas contraire, ils sont clandestins et tombent pour proxénétisme. C’est une grande hypocrisie !

Maxime

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1 commentaire
  • 27 février 2014, 02:01

    Il y a là un problème de fond que les pro-prostitution tentent d’élaguer, en défendant une liberté qui tient d’avantage du discours libéral que du discours libertaire. Au delà d’un cadre légal un peu plus protecteur comme l’est celui contre le viol, les violences faites aux femmes, etc, il est clair que le combat relève aussi d’un rapport de force, en luttes, collectif-ives à construire, non seulement contre la prostitution, le système prostitutionnel, et le patriarcat, mais aussi contre le capitalisme. On est là évidemment pas sur le même terrain de lutte(s). Et je pense qu’il serait important pour arrêter de porter de la confusion, d’arrêter de laisser s’étaler la parole du lobby pro-prostitutionnel en défense d’un domaine de petite entreprise qui leur appartient, mais qu’ils et elles tentent de faire passer pour un combat commun, dans des endroits se revendiquant d’un espace plutôt libertaire.

    Féministe libertaire