CQFD

Cap sur l’utopie

À la rencontre des peuples à l’écart


paru dans CQFD n°135 (septembre 2015), rubrique , par Noël Godin
mis en ligne le 09/02/2018 - commentaires

Ainsi que son titre l’indique, Sur la trace des peuples perdus (Hugo & Cie) nous narre l’encanaillement de son auteur, le cinéaste ethnologue Jean-Pierre Dutilleux, avec quelques-uns des derniers « peuples premiers »  : les Toulambis de Nouvelle-Guinée, les Mendis de Papouasie, les Agtas des Philippines, les Gros Ventres du Montana, les Awa Guaja du Nordeste, etc.

Ça commence dans le gore quand on découvre que Michael Rockefeller, fils de l’ignoble nabab, disparu en 1961, aurait été dévoré tout cru par les Asmats d’Irian Jaya (Papouasie). Dutilleux précise à ce propos que « si les Asmats sont des adorateurs du sperme, c’est parce qu’il a le même goût que la cervelle humaine ».

Mais tenons-nous en à nos sujets de base.

a) L’insoumission. C’est sans surprise qu’on apprend que la plupart des rescapés des temps anciens décrits dans l’épopée ont dû, à un moment donné, guerroyer sauvagement contre l’hydre colonialiste voulant les assujettir. C’est le cas des Danis de Nouvelle-Guinée bravant les troupes d’occupation indonésiennes ou des Txucarramae d’Amazonie ripostant contre les « chasses à l’Indien » avec des massues en bois de fer.

b) L’utopie. Jean-Pierre Dutilleux nous branche surtout sur deux « peuples à l’écart » engageants. Les Mursis d’Éthiopie qui « n’ont pas d’autorité politique centrale, ni de tribunaux, ni de police, ni de véritables leaders. Certains d’entre eux sont toutefois écoutés avec respect et déférence  : on les appelle “jalabas” ». Leur rôle n’est pas du tout de prendre des décisions pour la tribu mais de veiller à ce que les sbires très intrusifs du gouvernement ne touchent pas à leurs coutumes ancestrales. Ajoutons que les Mursis ne vont pas jusqu’à pratiquer le potlatch et que leur monnaie d’échange, c’est la tête de bétail (alors que, par exemple, chez une autre tribu éthiopienne, les Hamers, c’est le collier coquillage).

Les autres indigènes mis en avant par le livre sont les Zo’É du Nord-Para brésilien, quelque part entre le fleuve Amazone et la frontière du Surinam. Charmantes caractéristiques  : ils ne possèdent absolument pas l’instinct de propriété (« La terre n’appartient à personne ») ; ne tuent que le gibier nécessaire à leur survie, rien de plus ; ne fabriquent que les objets dont ils se servent, rien de plus ; ne pêchent pas pendant la période de reproduction pour respecter « l’esprit des poissons » ; cautionnent la polygamie et sont très versés dans l’art de l’avortement doux (à l’aide de plantes ou de massages).

M’arrive à l’instant par la poste Un baptême iroquois (1703) du baron de Lahontan, réédité vaillamment par le Passager clandestin, dans lequel on a affaire à de « bons sauvages » tout aussi chouettement émancipés (excepté leurs rituels de torture) « n’admettant point de propriété, de biens, de distinction ni de subordination entre eux, vivant comme frères, sans disputes, sans procès, sans lois et sans malice. »



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Par Noël Godin


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