À bas ceux de la Sûreté !

Malgré les 940 millions d’euros perdus suite à des annulations de commandes et de contrats depuis l’« incident » de Fukushima, le groupe industriel Areva ne s’est pas démonté. Et vient de créer une nouvelle branche d’activités, destinée à fournir des analyses sur la sûreté nucléaire.

Depuis fin 2012, « Safety Alliance » aurait récolté 172 millions d’euros en intervenant sur plus de deux cents réacteurs. L’expertise du groupe peut bien faire autorité, confronté lui-même sur ses propres installations à quantité d’incidents, accidents et autres fuites. Comme en ce début de soirée du 28 février, où un puissant arc électrique illumine le ciel de la centrale nucléaire du Tricastin. Court-circuitant le silence des responsables, des enquêtes indépendantes précisent que le parafoudre du réacteur numéro 1 se serait détaché, que de la vapeur s’échappait des bâtiments annexes et que d’importantes coulures de liquide se répandaient le long des assises en béton, témoignant de difficultés à réduire la pression dans le réacteur. Un réacteur qui vient, récemment, de voir prolongée sa durée de vie par l’Agence de sûreté nucléaire, malgré sa vétusté attestée par de nombreuses fissures relevées sur la cuve. Les gérants de la sécurité nucléaire ne s’attarderont pas non plus sur les effets de l’arrêt brutal de ces réacteurs – pourtant nécessaire lors d’un tel incident – qui peuvent entraîner des rejets gazeux radioactifs et chimiques. EDF rassure tout le monde : « Rien de grave ! » Gageons qu’avec les bénéfices collectés par sa récente filiale spécialisée en sûreté nucléaire, Areva pourra élaborer un nouveau glossaire de paroles sécurisantes. Avant de monter sa propre entreprise de pompes funèbres, histoire d’assurer le suivi intégral du service après-vente.

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Paru dans CQFD n°109 (mars 2013)
Dans la rubrique Billets

Par Gilles Lucas
Mis en ligne le 23.04.2013