Repassez plus tard, j’ai « dîner »

Comme des représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) le priaient au tout début du mois de décembre dernier, par un circonstancié courrier, de leur accorder une audience où ils ambitionnaient – que d’effronterie – de lui montrer que les actes islamophobes avaient encore augmenté de 34 % en 2011 (après avoir déjà explosé en 2010), Nicolas Sarkozy, chef sortant de l’État français (NS, CSDL’ÉF), leur a tout de suite répondu qu’à chaque fois qu’un(e) musulman(e) est injurié(e) c’est une affaire nationale fait répondre un mois plus tard, par son petit personnel de maison, qu’il était grave overbooké, et que ç’allait par conséquent point être possible du tout qu’on lui mette dans l’agenda une délégation de fils d’Allah1, mais qu’il transmettait la complainte du CFCM à son fidèle Glaude, ministre von Staatssicherheit2, à des fins de suivi du dossier : ce n’est donc pas comme si le gars leur avait directement claqué la porte dans la gueule, mais force est de constater que ça y ressemble quand même un peu beaucoup.

Après quoi : NS, CSDL’ÉF, nonobstant sa grosse bourre de l’hiver, a tout de même trouvé dans son emploi du temps quelques bouts d’heures, pour aller dîner au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) – vénérable cénacle dont l’ex-taulier ne dédaignait point de souligner que les succès votifs du Front pénique n’étaient pas que déprimants, puisqu’ils avaient du moins l’avantage de faire un signal fort en direction des arrogant(e)s populations arabo-musulman(e)s de France et de Navarre3.

Et là, comme le nouveau président du CRIF, profitant que son hôte s’était libéré, montrait au CSDL’ÉF que les actes antisémites avaient baissé de 16 % entre 2010 et 2011 : le CSDL’ÉF lui a fait répondre un mois plus tard par son petit personnel de maison a tout de suite répondu qu’à « chaque fois qu’un juif est injurié ce n’est pas une affaire communautaire mais une affaire nationale ».

Et c’était fort bien dit, mais il s’est naturellement trouvé quelques esprits chagrins (et sans doute aussi pétris d’envie) pour relever que le CSDL’ÉF montrait moins de détermination à fustiger l’islamophobie qu’à dénoncer l’antisémitisme, un peu comme si tous les racismes, vus depuis l’haut de ses talonnettes, n’étaient pas d’une égale méchancetude – mais c’est là pure médisance, car dans le même mouvement le CSDL’ÉF a rendu aux mahométan(e)s un vibrant hommage, en soulignant qu’il s’étaient abstenus, durant qu’ils faisaient leur « printemps arabe », de crier « mort aux juifs ou mort à l’Occident » (et qu’ils sont donc maintenant (presque) rendus, c’était induit, au même degré de raffinement que les Jeunes populaires du parti régimaire, qui jamais n’hurlent mort aux arabes dans leurs meetings) : cela ne prouve-t-il pas qu’ils s’ouvrent, de l’avis du CSDL’ÉF, aux saines vertus de la civilisation ?


1 C’était bien sûr pas dit comme ça, mais le sens général était bien celui-là.

2 Le même, qui trouve problématique que les musulman(e)s soient plus nombreux dans la France d’aujourd’hui que dans celle d’antan.

3 En 2002, Roger Cukierman – c’est son nom – avait déclaré que l’accession du Pen au second tour de la présidentielle constituait un appréciable « message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles »...

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