Les brèves du n°123

Grande Russie

En 2012, Poutine avait déclaré considérer la politique d’industrialisation de Staline durant les années 1930 et 1940 comme un modèle à suivre. La « ré-industrialisation » de l’économie était alors vendue comme une façon de réduire la dépendance vis-à-vis des exportations de marchandises. Hélas, le peuple russe, lui, n’a rien vu venir puisque l’essentiel des efforts budgétaires s’est orienté vers les dépenses militaires. Certes, l’ours russe, avec moins de 100 milliards de dollars annuels, n’est encore qu’un ourson incapable de se mesurer avec le super-panda chinois, deux fois plus de dépenses, et encore moins avec l’aigle de l’hyperpuissance américaine (huit fois plus). Il n’en reste pas moins que la Russie a intégré le club très sélect des 23 pays ayant plus que doublé leurs dépenses militaires depuis 2004. Des états comme l’Algérie ou l’Arabie Saoudite qui savent, eux aussi, répondre aux attentes de leurs peuples.

Grands Ricains

Malgré les intimidations et les négociations secrètes, une famille du Texas a eu la peau, devant les tribunaux, de quelques entreprises spécialisées dans l’exploitation du gaz de schiste. La principale accusée, Aruba, a dû débourser la bagatelle de 3 millions de dollars. Il faut dire que le jury ne pouvait qu’être touché dans la grande tradition du spectacle judiciaire made in Hollywood : éruption cutanée avec plaies purulentes pour la mère, hémorragie nasale quasi-permanente pour la petite fille, troubles neurologiques pour le père. En outre, les grands méchants industriels ont bien aidé l’avocat de la famille Parr en privilégiant un système de défense calamiteux consistant à reporter la faute sur d’autres pollueurs ! Erreur qu’ils ne commettront sans doute plus en appel, histoire de pouvoir continuer à poinçonner l’intégralité du sol américain.

Toi y en a comprendre "région" ?

Par Rémy Cattelain.

Toponymie politique

Cette place du quartier de Mazargues, au sud de Marseille, est l’une des rares en France à porter le nom de Robespierre. Mais ce nom semble insupportable à Guy Teissier, aujourd’hui président de Marseille Provence Métropole. Ce grand républicain, qui trouvait que « même dix Roms c’est encore trop », voudrait donc que le patronyme du député de la Convention soit remplacé par celui d’un couple de tambourinaires locaux, les Nazet. Déjà, en 1999, le Front national, pour qui le révisionnisme historique est une seconde nature, s’en était pris au révolutionnaire jugé responsable et coupable du « génocide vendéen » et de « l’abomination communiste ». Une palanquée d’historiens ont sorti le nez de leurs archives pour rappeler la part de lumière d’un Robespierre déclamant : « Ne doutez pas que je ne sois dévoué jusqu’à la mort à la cause de Marseille et à celle de la Constitution, à laquelle elle est liée. » Une dévotion… Bien mal payée en retour !

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Paru dans CQFD n°123 (juin 2014)
Dans la rubrique En bref

Par L’équipe de CQFD
Illustré par Rémy Cattelain

Mis en ligne le 21.06.2014