Les brèves du n°119

Jour de co…nnerie

Dimanche 26 janvier, la manif « Jour de colère » faisait battre le pavé parisien à de fâcheux équipages de pas-contents hétéroclites, dont les ultra-cathos du Printemps français qui fournissaient le gros des troupes. Quand d’aucuns souhaitaient purement supprimer la Sécu et la CMU, d’autres espéraient, en toute simplicité, faire avancer l’idée d’un putsch de l’armée – seule «  institution non dissolue » de notre pauvre France. Il y avait également quelques obsessionnels qui désiraient voir « les francs-maçons en prison » ainsi que des islamophobes qui regardaient avec une certaine condescendance les jeunes dieudonnistes excités qui promenaient leur ananas. Aussi – au-delà du slogan unificateur « Hollande démission » –, de nombreux manifestants interrogés par différents médias, et sans doute conscients de participer à une bien étrange parade, se dépêchaient d’affirmer « ne pas partager les convictions des autres participants, mais être respectueux de leur expression ». Et de remettre au goût du jour un vieux dicton populaire : à chaque fou sa marotte !

Un genre de respect

Par Charmag.

Nos cousins

Les chimpanzés sont capables d’empathie. Dans son livre Le Bonobo, Dieu et nous (éditions Les Liens qui libèrent, 2013), le biologiste hollandais Frans De Waal développe la thèse que, bien qu’ignorant tout de la morale religieuse et de l’instruction civique, les singes sont capables d’éprouver de l’altruisme envers leurs congénères et de leur venir en aide dans des situations de détresse. «  Il ne leur manque que la parole », pourrait-on conclure. En fait, si on en croit une légende javanaise au sujet de l’orang-outan, les singes sont encore plus malins que ça : ils seraient doués de parole mais ont la sagesse de se taire afin que les hommes ne les envoient pas trimer illico. Pas fou, le macaque !

Merci, François

Le 29 janvier dernier, François Cavanna a cassé sa pipe à force de tremblements dus à la maladie de Parkinson. Si le vieux moustachu – il avait 90 balais au compteur – tenait toujours chronique dans Charlie Hebdo, installé là tel un greffier au coin du feu, il y a bien longtemps qu’on ne lisait plus le cofondateur d’Hara Kiri et Charlie (le vrai, pas celui de Philippe Val ou de Charb) et auteur des Ritals et des Russkoffs. Mais, c’est pour avoir inventé ces canards et écrit ces bouquins que l’on se doit de tirer not’ chapeau au bonhomme. Certains, au sein de l’équipe de CQFD, doivent bien l’avouer : c’est un peu la faute à ce type si, au bahut, ils prenaient des taules en rédac’. « On n’écrit pas comme on parle », annotait la prof sur les copies où ils avaient tenté d’imiter la prose jubilatoire du Rital. Et, surtout, c’est en partie à cause de cézigue qu’ils se sont amourachés de la presse libre, indépendante, critique, sans pub, qui n’aime rien ou presque. Si CQFD mord et tient tous les mois depuis plus de 10 ans, c’est un peu parce que Cavanna a existé. Pour ça, merci, François.

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