Les brèves du 93
Inschistance > Au printemps, Roseline Boussac, mairesse de Bonnevaux, village gardois de cent deux habitants, déposait un arrêté municipal interdisant la fracturation hydraulique. Elle déclarait sans ambages : « Comme Jeanne d’Arc, je pars en guerre. Ce n’est pas une société de Dallas qui va nous dire ce que l’on doit faire chez nous. » Le 3 octobre, le gouvernement annulait trois permis d’exploitation du gaz de schiste dans le Gard. Respect inédit pour les opposants ou hasard du calendrier ? Le 4 octobre, le mari de l’ex-maîtresse de Mick Jagger débarquait dans ce département occupé par des hordes de flics prêts à tout pour qu’on n’aperçoive aucun indigène pas content aux infos. Il reste encore soixante-quatre permis n’attendant que la venue de Sarko pour être, « selon son désir et son effroi », annulés à leur tour.
Solitude > Des super-flics enchristés à Lyon et Grenoble… Le grand juge Courroye embêté par la justice… Des valoches pleines de biftons qui circulent de main en main chez les hommes politiques les plus en vue et leurs potes de gauche et de droite… Un tout-puissant président de conseil général accusé d’association de malfaiteurs… Et nous, pauvres de nous, nous sommes tous « comme une bamba triste », tel que le chantait l’immense Pierre Billon. Définitivement.
Steve Jobs est mort > Les icons sont itristes.
Pas sympa > Ils ne sont pas contents, les flics, leurs syndicats et leur ministre. Voilà que depuis quelques mois, le site Copwatch Nord-Paris IDF publie ignominieusement des portraits de pandores, certains en train de boire des bières, avec signalement et adresses à l’appui. C’est le monde à l’envers. Ficher et photographier sans vergogne, c’est leur boulot à eux ! Si ces nobles fonctionnaires ne veulent pas voir leur nom à eux ailleurs qu’en haut de leur fiche de paie, s’ils s’habillent « en civil », changent de fringues pour rentrer chez eux et agissent si souvent le visage dissimulé par des cagoules, c’est évidemment parce qu’ils ne sont pas très fiers de leur boulot. Pas la peine de rajouter une couche à leur souffrance !
Normal > Le 20 septembre à Marseille, Serge Partouche, un autiste de 48 ans, est ceinturé, jeté au sol, menotté dans le dos et… mort. Ce n’est pas la première fois que la méthode de la clé d’étranglement – condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme – fait ses preuves : Sydney Mamoka (Tourcoing, 1998), Lamine Dieng (Paris, 2007), Hakim Ajimi (Grasse, 2008), Ali Ziri (Aubervilliers, juin 2009), Mohamed Boukrourou, (Valentigney, 2009) et Hakim Djelassi (Lille, 2009). Alors, si un condé vous plaque au sol en vous étranglant tandis que son collègue vous comprime la cage thoracique en appuyant son genou entre les omoplates et tire vos bras en arrière pour vous menotter, pas de panique : vous êtes juste l’objet d’une bavure policière.
Braise > Par SMS et sur Facebook, une info circule : les lycéens vont se faire sucrer un mois de vacances. Aussitôt, des centaines d’entre eux descendent dans les rues de Béthune, Dunkerque, Douai, Vesoul, Morlaix et Lens, où des bus auraient été dégradés. Autour du lycée Jean-Moulin, au Chesnay (Yvelines), une dizaine de voitures sont endommagées. « Rumeur scandaleuse ! », s’étouffent les autorités pendant que, en douce, elles bricolent la suppression de deux semaines de congés. Il est vrai que ces jeunes têtes sont sujettes aux pires imaginations, qui les poussent à s’emporter notamment contre « les conditions de rentrée catastrophiques provoquées par la suppression de profs ». Le 6 octobre, une dizaine de lycées étaient bloqués et l’on défilait dans les rues de Paris. « Une étincelle peut mettre le feu à la plaine », dixit Marilyn Monroe.
Cet article a été publié dans
CQFD n°93 (octobre 2011)
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Paru dans CQFD n°93 (octobre 2011)
Dans la rubrique En bref
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Mis en ligne le 25.10.2011
Dans CQFD n°93 (octobre 2011)
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