De quoi laïcité est-il le nom ?
Un petit (façon de parler) mot à faire suivre à Bruno Le Dantec, siouplaît, merci (suite à l’article "De quoi Charlie est-il le nom ?").
Le jour de la manif pour la « liberté de dessiner et de se marrer », on a défilé avec des potes en province à des centaines de kilomètres du plus que douteux cénacle parisien hollandiste. Je n’ai pas applaudi quand les croquantes et les croquants ont salué la police, pour ça il m’aurait fallu trois ou quatre paires de mains de plus et pas mal de neurones en moins. Sur ma pancarte il n’y avait pas écrit « Je suis CHARLIE », parce que je préfère inventer moi-même les slogans avec lesquels je défile et quand le troupeau a bêlé La Marseillaise je suis resté sans voix...
Tout ça pour dire que ton article m’est allé droit au cœur. Sauf que quand même, quand tu mets les dessins de Charlie et la droite xénophobe dans le même sac sous prétexte qu’ils dénoteraient d’« un racisme de gauche », alors là désolé je ne te suis plus. Attention à l’emploi du vocabulaire : si l’anticléricalisme est du « racisme de gauche » alors la loi Macron est remplie d’« avancées sociales de droite »...
Depuis début janvier le citoyen sincèrement de gauche aurait donc le droit d’être laïque mais pas trop, tout en restant très respectueux des religions monothéistes dominantes ? Si c’est ça le seul espace de liberté bien-pensante qu’il nous reste, les balles de kalach’ ont bien réussi leur coup.
Je suis athée simplement parce que Dieu n’existe pas, mais je suis surtout anticlérical. Attention, je ne roule pas l’abbé Pierre et Paul VI, ni la foi et la religion dans la même aube [1], mais au final, quand on pèse l’apport du judaïsme, du christianisme et de l’islam à l’humanité depuis 2 000 ans il est très globalement négatif. Quand tu as constaté ça, tu fais quoi ? Se marrer aux dépens de ces fléaux, c’est déjà un début de quelque chose.
En 2015 se foutre de l’islam ce n’est pas se moquer des musulmans de base, c’est faire exactement ce que faisait Siné Massacre dans les années 60 : se foutre des religieux et de leur prophète. À l’époque on a appelé ça de la satire et le pouvoir a brandi la censure : logique, c’était son rôle. Mais au moins la gauche n’a pas crié au racisme anti-chrétien ! Actuellement, la religion la plus en vue c’est l’Islam, normal que ce soit celle qu’on doive combattre avec le plus de vigueur, au moins avec un crayon, non ? Ou alors c’est que le monde tel qu’il est en train de tourner ne sent pas que la poudre de tir, il commence aussi hélas à puer l’inquisition...
Domi