Le courrier des lecteurs du n°127
Los Angeles : militarisation des forces policières et drones en milieu urbain.
La ville de Los Angeles a reçu, il y a quelques mois, deux petits drones hélicoptères équipés de caméras, dons de la ville de Seattle. La bonne gent de Seattle, outrée, avait tant protesté que le service de police avait dû s’en débarrasser sous la pression. La police de L.A., « LAPD », friande de joujoux technologiques et militarisés de toute sorte (armes automatiques, véhicules blindés y compris) tente présentement d’ignorer les objections citoyennes (le maire ayant apparemment refusé de rencontrer les opposants), mais les drones n’ont pas encore quitté leurs boîtes.
Pour mémoire, la première équipe de S.W.A.T. (Special Weapons And Tactics, l’antécédent étasunien du RAID en France) fut mise sur pied à Los Angeles sous la houlette de Daryl Gates et son premier fait d’armes majeur fut en décembre 1969 un assaut massif et ratage spectaculaire contre le quartier général du parti des Black Panthers, un mouvement activiste bien ancré à l’époque dans la communauté noire de Los Angeles. On retrouve ce même Gates à la tête du LAPD au moment des émeutes de 1992 ayant éclaté suite au passage à tabac de l’automobiliste noir Rodney King par des policiers de la LAPD. Gates démissionnera rapidement par la suite. Mais rien ne semble gêner la fascination des autorités de la « City of Quartz » (dixit Mike Davis) pour les tactiques et armes militaires. Récemment, le LAUSD (Los Angeles United School District, l’organisme chapeautant les écoles publiques de L.A.) a obtenu 61 fusils d’assaut M16 ainsi qu’un véhicule blindé lourd MRAP à l’épreuve des mines [sic]. Singulière conception de la discipline à l’école ! Ce type d’engins blindés – semblable à ceux utilisés en ce moment même à Ferguson – circule dans les rues via le programme 1033 « Excess Property » du Pentagone, qui vise à faciliter l’accès des forces policières à de l’équipement militaire déstocké et bradé. D’après le Pentagone lui-même, la valeur de l’équipement ainsi refourgué dépasserait, quand même, les 5 milliards de dollars depuis ses débuts en 1997.
K. Haribou, lecteur de CQFD à L.A.
Sur les murs
Marseille, 2014.
Cet article a été publié dans
CQFD n°127 (décembre 2014)
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Paru dans CQFD n°127 (décembre 2014)
Dans la rubrique Courrier des lecteurs
Illustré par Elodie Laquille et Jean-Baptiste Legars
Mis en ligne le 21.01.2015