Carnet de bord d’un tourbillon
Dans la tempête des élections
Mardi 11 juin. Deux jours après l’annonce de la dissolution, Assemblée générale de l’organisation politique Révolution permanente, à Marseille.
150 personnes font craquer la petite arrière-salle du bar le Molotov, dans le centre de Marseille. Beaucoup de jeunes et, semble-t-il, beaucoup d’attentes. Après l’annonce de la dissolution dimanche soir et la difficulté à comprendre ce qui est en train d’arriver, l’anxiété prend le pas. Deux questions se posent, en boucle : « Qu’est-ce qu’il va se passer ? » et « Qu’est-ce qu’on fait ? ». Ça tombe bien : on a les mêmes en tête. Révolution permanente (RP) avait prévu de parler de la Palestine mais, actualité oblige, la parole se décale. Deux militant·es à la tribune invitent à prendre du recul et délivrent une analyse froide du contexte international, mais la salle n’a pas l’air de vouloir s’ambiancer sur un débat géopolitique. Les interventions se succèdent et expriment peur et désarroi : « Si le Rassemblement national (RN) arrive à la tête du gouvernement, ça ne sera peut-être pas un régime fasciste [tel que sous Mussolini]… » ; « Oui mais en attendant, ils vont imposer leurs lois racistes et réactionnaires. C’est quand même l’extrême droite ! » ; « Et moi je ne sais même pas ce qu’il va m’arriver, je ne suis pas Français, on va me renvoyer dans mon pays alors que je risque de m’y faire tuer ! » ; « Si le RN passe, les petits nazis dans la rue vont prendre la confiance, les violences vont s’intensifier sur les personnes racisées, sur les LGBT, et c’est ça aussi qu’il faut combattre ! », etc. Face à ces nombreuses prises de paroles, les militant·es de RP rappellent surtout que le Nouveau front populaire est une alliance réformiste qui ne va pas faire tomber le capitalisme en crise : elle va au contraire maintenir ses institutions. « Après, on ne viendra pas regarder ce que vous faites dans l’isoloir ! » concèdent-ils. À la fin de l’AG, ça débat encore un bon moment à l’extérieur du bar. De nombreu·xses sympathisant·es remplissent des formulaires pour être recontacté·es. Les jeunes vénères sont au moins d’accord sur un point : s’organiser et ne pas se laisser faire.
Mardi 11 juin, à Paris, où le fond de l’air s’affirme chaque jour plus irrespirable. Dans le 19e arrondissement, un homme costaud et rubicond s’en prend à un livreur à la peau noire. Origine de l’altercation ? Inconnue. Mais le grand con crie sur le trottoir : « Tu verras, avec Bardella, tu la ramèneras moins. Cette merde de Macron était aux ordres de l’Europe, du coup il biaisait. Mais là ça va être un autre niveau pour vous, on va s’marrer ! » L’homme agressé baisse la tête et file sans répondre.
Le 14 juin, quelqu’un a mis le feu à un drapeau palestinien accroché à une fenêtre, dans le centre-ville de Marseille. Zila, 25 ans, raconte. « On a vu ce départ de feu, dans la rue voisine. On a compris que c’était un drapeau de la Palestine qui brûlait, accroché à une fenêtre du rez-de-chaussée. Derrière le drapeau, il y avait des rideaux en tissu et affiché à côté, un texte qui parle de l’occupation et du génocide en Palestine. Ce qui est flippant c’est que la personne qui a mis le feu a risqué de manière évidente d’incendier un appartement, voire un immeuble, pour brûler un drapeau palestinien. Et tout le monde avait l’air de s’en foutre. »
Samedi 15 juin, en Haute-Vienne (Limousin). Récit d’une petite séance de tractage où l’ambiance est pour le moins mitigée quelques jours après la dissolution.
C’est jour de marché à Saint-Yrieix-La-Perche, petite ville plutôt cossue de la tranquille Haute-Vienne. Bourgeois, bohèmes, agriculteurs, ce petit monde cohabite sans grandes tensions. Cela fait moins d’une semaine qu’est tombée l’annonce de dissolution de Macron, et des militants locaux plutôt branchés LFI/Confédération paysanne tentent de lancer la riposte Nouveau front populaire (NFP) en tractant. Résultats mitigés. Une amie me raconte qu’on lui a balancé : « Bah pourquoi tu t’inquiètes ? T’es blanche. » Un vieil homme orné d’un élégant chapeau raconte son dégoût pur et simple : « Le problème c’est que plus je regarde la télé, plus j’ai envie de vomir. J’aime pas l’extrême droite, mais je suis tellement dégoûté par ce que je vois que je ne vais pas aller voter. » Quant à ce bourgeois à gueule de fouine et doudoune dégueu, fan de François Asselineau (UPR, parti pro-Frexit et globalement délirant), il tranche le débat d’un lapidaire : « Je vous garantis qu’Asselineau est le seul homme politique français de gauche. » Avant il était partisan de Mélenchon, mais c’est fini : « Il a trop pactisé avec l’Europe. De toute façon, c’est les Américains qui sont à la manœuvre. »
Une dame à chapeau mou et sourire timide explique qu’elle va tenter de convaincre ses connaissances de voter NFP. Mais elle y croit peu : « Ils ont peur. Ce qu’ils entendent à la télé les fait flipper, comme si l’extrême gauche était portée par des ogres. Alors que moi c’est le RN qui me fait peur. » L’amie Louise, qui tracte à nos côtés, me raconte une interaction avec une dame âgée et gentille : celle-ci lui a confié qu’après quarante ans à voter extrême gauche, dans une région plutôt conquise à la cause, cette fois-ci elle votera extrême droite. Sans trop d’arguments autres qu’une démission forcée par l’air du temps : « Ils m’ont trop déçue, ces charlots de LFI. »
Aux poétiques « ton tract, torche-toi le cul avec » se mêlent des encouragements : « On va le faire ! » ; « On va convaincre tous nos proches ! » Plus tard, devant un verre de vin, l’inénarrable Barney, œnologue à la moustache de mousquetaire, vigneron artisanal et libertaire intarissable, résume la situation : « La révolution est en marche, mais elle musarde dans la plaine… »
Samedi 15 juin. La manifestation intersyndicale de Marseille bat son plein. Sam, 22 ans, nous raconte.
« Face à l’actualité politique, j’avais envie d’aller soutenir la cause. Je vais pas si souvent en manif mais là je voulais rejoindre les copaines mobilisé·es. On a rallié le cortège du collectif de chômeurs précaires, lié au syndicat Solidaires. Je me suis retrouvé à tenir leur banderole et je me suis pris au jeu. C’était le melting-pot des slogans : des trucs des gilets jaunes, des siamo tutti antifascisti, contre le patronat et l’État… Et là, il s’est passé un truc que j’ai pas trop compris. Une nuée de photographes est arrivée. Plusieurs d’entre eux m’ont tiré le portrait. C’est un peu comme si j’étais une égérie… alors que je fais même pas partie de ce collectif ! Pourquoi moi ? Parce que je suis le bouclé de service. Être une personne racisée, ça joue. J’avais l’impression d’être un pin’s dans un projet photographique. »
Dimanche 23 juin. Une chercheuse franco-marocaine qui avait déjà choisi de quitter la France avant les élections.
« Là, je viens de trouver une maison au Maroc à 50 000 euros sur Leboncoin. C’est dans la campagne, à 25 kilomètres de Marrakech. Il faut acheter maintenant, car après les élections le prix va exploser. Je pense tout le temps à comment faire pour évacuer, aussi bien moi que les autres. C’est ça qui m’obsède. »
[|Poutou trop chou
Jeudi 20 juin. Une habitante de Carcassonne, sympathisante du NPA mais rétive au « parachutage » de Philippe Poutou dans sa circonscription, est désormais conquise.
« Vous direz à tout le monde que la venue de Poutou à Carcassonne pour les élections, c’est quelque chose de formidable, qui donne du souffle. Il est encore mieux dans la vraie vie qu’à la télé, avec son sourire en coin, il refile la pêche aux militants du coin. La dernière manif on était cinquante alors que d’habitude on est cinq. »
Mardi 25 juin. Une serveuse déprimée nous raconte sa descente aux enfers dans un café branchouille de Marseille.
« “Can I have an iced-latte ?” Le touriste américain derrière le comptoir me sort de ma torpeur. Coincée dans le précariat à travailler en tant que barista, mon cerveau fond comme les glaçons dans le verre que je tends au client. Je me sens exploser, suffoquer dans ce climat gangrené par la peste brune. De la fenêtre, les statues coloniales des escaliers de la gare de Marseille sont baignées par le soleil, cynique rappel. La violence de la pierre fait écho à la montée en puissance d’un parti fondé par des nazis et des anciens de l’OAS. Je sens mon cœur se serrer et la peine me retourner les tripes. Je pense à mes grands-parents, immigrés kabyles venus s’échiner dans les usines de Gaz de France. Ils seraient, selon Macron, des suppôts de “l’immigrationnisme”. Née et élevée en France, j’ai très vite compris que comme eux, j’étais autre. Une hybride issue de cette immigration dont les noms et la mémoire que je porte n’ont pas leur place dans le récit national. Comme tant d’autres. La nausée s’installe et les pensées défilent. Mais le temps manque quand on est précaire : il faut vite recommencer à faire couler un énième fucking chaï latte.
Mercredi 26 juin. Un gratiné « Mee-ting, mi-teuf », sur le square Léon Blum, dans le centre populaire de Marseille, lors duquel CQFD a tenu un stand pour vendre des t-shirts et des journaux.
Le Front populaire motive une dernière fois ses troupes (ou plutôt la vaporeuse « société civile », sic) avant le vote de dimanche. Et en grande pompe ! Au programme : Alice Coffin, Camille Étienne, Julia Cagé et, saint parmi les saints, Edwy Plenel himself. Le gratin est là, et je sens qu’on va encore assister à un événement où des CSP+ vont parler à la place de celles et ceux qu’iels disent défendre. Des interventions poignantes sur l’effondrement de la planète aux interludes « musique du monde », la foule – que des personnes blanches ou presque – donne l’impression de participer à quelque chose de grand. Accrochée au kiosque central de la place, une banderole l’affirme : « Demain nous fêterons ». Serait-ce le grand soir ?! C’est sûr, à en croire certains slogans (douteux) des pancartes en guirlande, suspendues entre les lampadaires : « RosaRME citoyens » en travers de la gueule de Rosa Luxembourg (la pauvre…), « Front populaire depuis 1998 » (sur le front de Zidane), « Y’a pas moyen jojo » (…), « Le RIC c’est chic ! » (??), etc. Ces militant·es surmotivé·es n’ont peur de rien : ni des réappropriations culturelles, ni même de la police, comme en témoigne un jeune LFIste : « Un jour, une militante de la France Insoumise a eu un contrôle d’identité pendant qu’elle collait une affiche. Mais moi ça ne me fait pas peur ! Jusqu’au bout pour la FI ! » Piquée par l’emphase de ce brave soc-dem, je suis rapidement ramenée à la raison : « Ah non, nous on n’est pas révolutionnaires, on n’est pas dans la confrontation, on laisse ça à l’extrême droite, haha ! » Que la révolte populaire reste le pré carré des fachos ? Voilà qui n’est pas rassurant. Moi qui croyais qu’il allait enfin se passer quelque chose d’un peu engageant à gauche ! Las, je ne retiens rien des interventions, qui ne disent d’ailleurs pas grand-chose, à l’heureuse exception de celle de Kamel Guemari de l’Après M (un McDo réquisitionné par ses employé·es lors du confinement de 2020 et transformé en resto solidaire) et de celle des « stars de la campagne marseillaise », les femmes de ménage en lutte de l’hôtel Radisson. Alors qu’elles tenaient une soirée de soutien non loin du meeting, elles s’y sont invitées et font tourner leur caisse de grève. Bravo à elles ! Et pour les autres : bonne « mi-teuf » !
Le 27 juin, à Marseille, séance de tractage tout-terrain pour le NFP.
À Marseille, le marché de la place Castellane n’est pas un terrain conquis. Pourtant, c’est là-bas qu’on m’envoie tracter avec une équipe mi-convaincue. On tracte pour la Réserve citoyenne, un collectif qui s’est monté en soutien au NFP et contre le RN. Les tracts sont bien faits, on peut y lire « Le RN vote contre le peuple » avec en dessous la ribambelle de mesures antisociales votées par le parti depuis 2022 à l’Assemblée. La plupart des gens sont pressés. Un grand nombre de personnes, souvent âgées, nous font un « stop » dédaigneux de la main : des électeurs RN ? Paraît que le quartier en est rempli. Mais l’affaire n’est pas pliée. Une quarantenaire farfelue m’approche. Je lui sors mon blabla anti-RN. Elle s’affole : « Mais ce que vous me dites, c’est horrible ! Vous savez qu’ils veulent supprimer le kasher à la cantine ! C’est le retour de l’Allemagne nazie ! » Difficile de ne pas acquiescer, surtout que la dame est juive. « Et puis le logement, les courses, c’est trop cher ! » J’embraye sur le programme du NFP et ses mesures sociales. « Vous êtes un utopiste ! » m’interpelle une autre dame qui écoutait la conversation de loin. Peut-être, mais le NFP est quand même loin de l’utopie libertaire ! Juste une dose de social et de progressisme, de quoi desserrer les chaînes… Les discours sont confus – on vient de zapper sur les délinquants et les parents qui éduquent mal leurs gosses –, alors j’embraye sur les riches et les racistes ; et on me l’accorde : « Ils nous font chier. » Soudain, un marchand de bijoux me coupe : « Jésus vous connaissez ? Il faut aimer Jésus ! » Acclamation de l’auditoire. Le bonhomme embraye : « C’est vrai ! La solution est en nous ! » Je ne me laisse pas balader, Jésus contre Jésus : « Et vous croyez que la solidarité et l’entraide, elles vont tomber du ciel ?? Par une opération du Saint-Esprit ? Jésus il voulait partager le pain, comme le NFP ! » Aux grands maux, les grands moyens… Quelques jours plus tard, un ami me propose un tractage, sauf que là c’est le NFP, avec de « vrais » militant·es à l’ancienne ! Foirade : il y a deux candidats NFP dans la circo et on se retrouve à tracter pour celui qui a été « purgé » par le parti. J’insiste sur le programme du NFP, les broutilles, on verra plus tard. On m’interpelle : « Ça sert à rien deux candidats ! Désistez-vous ! » De l’autre côté de la rue, voilà que les militant·es du « vrai » candidat NFP tractent et nous toisent du regard ! Suis-je un traître parmi les sociaux-traîtres ? L’un d’eux explique à quel point leur candidat est le plus légitime : « C’est un vrai militant, il habite dans le quartier depuis 2 ans déjà, c’est pas un parachuté ! » Impressionné par tant d’abnégation politique, je ne peux qu’abdiquer. Dieu-méluch’ j’ai fauté, serai-je pardonné ?
Vendredi 28 juin. À Marseille, avant le premier tour, les racistes prennent la confiance. Mais parfois ils se font moucher, et bien.
En terrasse du O’Thierry, l’un de nos bars QG, une dame rrom slalome entre les tables pour quêter des pièces, gentiment, discutant avec des habitués. Quand elle passe devant un jeune type, l’air d’un gommeux, avec de grosses lunettes dorées, il lui lance « Va bosser feignasse ! » d’une voix chargée de mépris. La table d’à côté intervient, l’interpelle : « Et toi, tu fais quoi là, tu bosses ? » lance une jeune fille. Et le mec avec qui elle boit un café de renchérir : « On dit pas des choses comme ça, ta gueule maintenant. » Le dialogue ne dure pas trop, quelques imprécations des deux côtés, et puis le sale type déguerpit en crachant son dépit. Autour, les autres clients semblent de connivence, contents du dénouement. Une petite victoire du quotidien.
Jeudi 27 juin. 30 000 personnes se sont rassemblées place de la République à Paris pour une soirée antiraciste. Une copine, venue jouer avec son groupe les Vulves Assassines, nous raconte.
« Je ne sais pas comment un tel événement a pu être organisé en si peu de temps. La soirée était axée sur l’antiracisme et prise en main par des médias indépendants, il n’y avait pas les partis. Ce qu’on sentait fort, c’est que la période fout les jetons à beaucoup de monde. Les intervenants étaient épuisés et sur la place, c’était franchement solennel. La foule écoutait les discours très attentivement. Jusqu’au dernier rang. Plein de gens avaient les larmes aux yeux. Sur cette place, il y a une mixité sociale qui va du zonard aux jeunes branchés. Et dans le public qui s’est formé, on voyait des jeunes, des vieux, des personnes racisées. Des groupes d’extrême droite rôdaient et sont venus à plusieurs reprises intimider le public. Il n’y avait pas de flics, mais un service d’ordre. Tout ça créait une tension. Derrière la scène, les intervenants travaillaient minutieusement leurs discours, des militants kanaks à Judith Godrèche, avec autour l’orga qui réfléchissait en direct à l’ordre de passage. On savait tous que dehors, c’était électrique. Tout ça foutait un sacré trac. Ces temps-ci, j’entends souvent : “C’est un feu de paille, ça va retomber.” Mais on sort de plein d’années de mouvements sociaux de plus en plus déments, avec une répression de plus en plus forte. Et ce soir-là, sur scène ou dans le public, c’était clairement pas des gens qui venaient de se réveiller : ils se battent déjà depuis longtemps. Avec les Vulves, on avait peur de desservir la cause en faisant les guignols. On se préparait à un gros flop et en fait, ça a pris immédiatement. Après 6 h de gravité, c’était nécessaire de pas tirer la larme en chantant l’Internationale avant de se dire au revoir. À la fin du concert, les slogans s’enchaînaient, tout le monde était remonté à bloc. Même les personnes qui travaillent au nettoyage de la voirie étaient sur le coup : ils ont fait pression sur la mairie en disant que, quelle que soit l’heure de la fin, ils seraient là. Est-ce que le manque de temps, l’urgence, rend efficace ? C’est peut-être ça qui est en train de se passer. »
Cet article a été publié dans
CQFD n°232 (juillet-août 2024)
Dans ce n° 232, un méga dossier spécial « Flemme olympique : moins haut, moins vite, moins fort », dans l’esprit de la saison, réhabilite notre point de vue de grosse feignasse. Hors dossier, on s’intéresse au fascisme en Europe face à la vague brune, on découvre la division des supporters du FC Sankt Pauli autour du mouvement antideutsch, on fait un tour aux manifs contre l’A69 et on découvre les Hussardes noires, ces enseignantes engagées de la fin du XIXe, avant de lire son horoscope, mitonné par le professeur Xanax qui fait son grand retour !
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Paru dans CQFD n°232 (juillet-août 2024)
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Mis en ligne le 05.07.2024
Dans CQFD n°232 (juillet-août 2024)
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