Com’ de crise : justifier l’injustifiable

Lorsque ça pète de l’autre côté de la Méditerranée, les caméras parisiennes délaissent l’outre-périph’. Pourtant, la jeunesse des banlieues est toujours là et, à défaut de brûler des voitures, elle poursuit parfois ses études. Ainsi, Lisa1, 21 ans, inscrite en licence professionnelle à Sarcelles, s’initie aux joies de la « communication ». « Entreprises, nouveaux médias, une formation avec un temps d’avance », dit la pub. Locaux tout neufs, matériel de pointe, plateau télé, assistants techniques et cours donnés par des professionnels, la fac ne lésine pas sur les moyens. Entre le droit, les techniques journalistiques ou la psychologie de la communication, Lisa s’initie à l’« acceptabilité », ou comment présenter sous son meilleur jour l’implantation d’un incinérateur de déchets ménagers dans la cour d’une crèche. Est aussi enseigné le media training, savoir-faire relatif à « l’adaptation du discours, la gestion de la réaction et de la réponse ». En quoi cela consiste-t-il ? « Tu es filmé, et tu dois jouer le responsable de la com’ de Mac Do à la sortie du film Super size me2, ou de Perrier lors du scandale du benzène dans les bouteilles, explique Lisa. Le cameraman te colle, tu es bombardé de questions, et tu dois répondre. Les profs expliquent que si nous sommes capables de défendre ces cas, nous serons bons pour tout. Cela s’appelle la communication de crise. » Au vu des résultats calamiteux de la com’ de l’Élysée et du ministère des Affaires étrangères lors des « crises » arabes, il est rassurant de voir arriver la relève…


1 Le prénom a été changé.

2 Documentaire dans lequel un journaliste se nourrit exclusivement de produits Mac Do, et y laisse sa santé.

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