L’édito du n°216

Ce qu’on vœux pour 2023 (et au-delà)

Y’a pas de raison que Macron soit le seul à présenter ses vœux de bonne année. Nous aussi, on s’y est mis !

Ce 31 décembre à 20 heures, Macron crachotait à travers ses horribles mini-dents carnassières son sixième discours de vœux de président inépuisablement jupitérien. C’était long, très long – près de 19 minutes. C’était chiant, ô combien. C’était mou, comme s’il avait oublié l’adresse de son dealer de coke. Et c’était surtout si déconnecté de toute empathie politique ou sociale qu’il aurait mieux valu qu’il nous récite quelques pages de Martine à la plage. Se posant en « bâtisseur », le ravageur de services publics a rappelé qu’il comptait bien mettre en place la réforme des retraites cette année (au cas où ça nous serait sorti de la tête), vanté les abjectes réformes de l’assurance-chômage, chouiné que personne n’aurait pu voir venir la crise climatique (il fallait oser !), promis le lancement de nouvelles centrales nucléaires et appelé à « Vivre 2023 en pays uni et solidaire ». Tellement pathétique, sordide et botoxé à la novlangue qu’on a presque la honte de consacrer à ce méga catalogue de la saloperie un paragraphe de ce premier édito de l’année.

Cela dit, ça nous a donné l’envie de vous écrire nos propres vœux à nous, rédigés sur un coin de table de notre local en combattant vaillamment la gueule de bois post ­réveillon et en détournant quelques-unes des pauvres formulations présidentielles basées sur l’anaphore. Les voici donc, à lire avec en tête la voix de Buenaventura Durruti ou Rosa Luxembourg, au choix.

Camarades, ami·es, pékins de France et de Navarre,

Pour la vingtième fois, nous avons le privilège de partager avec vous ce moment un poil relou des vœux de nouvelle année.

Avec vous camarades syndiqué·es et/ou émeutier·es des manifs qui s’annoncent, avec vous militant·es de collectifs de soutien aux personnes exilées ou de défense de l’environnement, avec vous qui luttez pour faire revivre les Gilets jaunes, avec vous qui tentez de faire vivre des médias indépendants ou des créations pleines d’étincelles, avec vous qui galérez à boucler les fins de mois, avec vous qui tenez à bout de bras l’école ou l’hôpital, avec vous qui combattez en première ligne la lèpre fasciste, avec vous qui partagez cette détestation d’un gouvernement acharné à défendre les intérêts des puissants, et avec vous toutes et tous qui lisez ces lignes.

Les cérémonies de vœux ont ceci de singulier : elles obligent à parler d’un futur qu’en vérité, on ne connaît pas, dont nous savons pourtant avec certitude que nous devrons l’affronter déter’, avec nos forces et nos faiblesses, mais en camarades uni·es contre la morgue d’un pouvoir prétendant continuer à surfer sur la vague d’un néo-libéralisme voué aux poubelles de l’histoire.

Dans la longue histoire de notre nation, il y eut des générations pour résister, d’autres pour reconstruire, d’autres encore pour étendre le progrès social conquis de haute lutte. II nous semble que l’heure est venue de les convoquer toutes à la fois. Banzaï !

En ce qui nous concerne, il nous revient d’affronter ce nouveau chapitre d’une rude époque, et au-delà des urgences de cette année, nous avons la charge de déployer davantage tous les combats de notre bord politique, qu’il s’agisse de notre antifascisme viscéral, de notre solidarité avec les victimes de violences policière, judiciaire, raciste et sexiste, de notre détermination à reconquérir l’espace public, de notre conviction qu’une écologie radicale est indispensable, et nous en passons.

Ensemble, nous allons réussir et leur botter les fesses !

Et c’est fort de cette confiance qu’on vous présente tous nos vœux d’étincelles et de tendresses en pagaille pour cette année nouvelle.

Nique leur République.

Et nique la France.

Voilà, ça fait pas 19 minutes, mais on espère que ça vous a plu. On se retrouve dans la rue ?

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CQFD n°216 (janvier 2023)

Pour ouvrir 2023, un dossier « Développement personnel, régressions collectives ». Avec notamment un long entretien avec le réalisateur du documentaire « Le business du bonheur ». En hors-dossier, on parle de la déferlante législative anti-squat, de la révolte (révolution ?) iranienne (notamment à travers le rôle central des femmes), des indigènes et de la gauche au pouvoir au Mexique, de mares à grenouilles comme outil de lutte du côté de Dijon, de la grève des salarié.es du nettoyage à Lyon Perrache... Deux longs entretiens sont aussi au menu : Jérémy Rubenstein revient sur l’histoire (et l’actualité) de la contre-insurrection à la française et Tancrède Ramonet nous parle de sa série documentaire « Ni dieu ni maître » consacrée à l’anarchisme. Et comme c’est la nouvelle année, un cadeau : le retour du professeur Xanax de la Muerte qui vous offre votre horoscope 2023 !

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