Brèves du 97

À la pêche… > Ingrate, Bernadette Pessemesse, déléguée CGT des Lejaby, qui depuis des années battent le pavé pour ne pas perdre leur boulot ? « Si nous nous réjouissons du résultat de notre lutte, nous n’oublions pas que l’an dernier neuf cents entreprises ont fermé ou licencié et que, depuis cinq ans, il y a plus de 700 000 chômeurs supplémentaires », qu’elle a dit après que Sarkozy, le 3 février, a reçu une délégation de salariées. Deux jours plus tôt, Laurent Wauquiez, courageux ministre chasseur de profiteurs (surtout chez les pauvres) avait annoncé aux ouvrières d’Yssingeaux qu’il leur avait trouvé un repreneur. Des voix en plus pour le petit champion des oligarques qui se sent glisser vers la porte ? Pas de pot pour les sidérurgistes de Gandrange baladés en février 2008 : c’était trop tôt, à peine huit mois après son arrivée au pouvoir…

Rapaces > Il y a des problèmes qu’EDF minimise, tel Fukushima. Il y en a d’autres sur lesquels ça saute de joie, telle la vague de froid de ce mois de février. « Nucléaire : comment EDF fait face […], les installations françaises tiennent le choc, notamment grâce au parc nucléaire », titre le 3 février Le Figaro. L’éditorialiste Yves Thréard donne un coup de boule aux partisans de l’arrêt du nucléaire et s’en prend à l’Allemagne qui a déjà fermé sept centrales. « Nous sommes mieux lotis qu’eux », assure-t-il. Mais le menteur professionnel a omis un détail. En ces périodes de froid, c’est la France qui importe de l’électricité à raison de mille mégawatts par jour. D’où ? Entre autres d’Allemagne… Écrire calé dans un open space surchauffé en appliquant à la lettre le tout électrique que prône EDF, ça peut ramollir le cerveau.

Politologiste > Le 30 janvier, dans un article détaillant les réseaux qui soutiennent le film Les Nouveaux chiens de garde, Sylvain Boulouque, « décrypteur de la gauche radicale » pour NouvelObs.com, évoque « la tendance autonome-situationniste issue de Mordicus, avec le journal CQFD ». Ah bon ? Nous, on se voyait plutôt en erroriste tendance bouliste avec quelques réminiscences de coincoinisme ultra, et une influence diffuse mais certaine de la pensée de Jean-Guy Mauriceau, pêcheur à pied et pilier du bar Le Tourbillon à Ploudalmézeau (que sa mémoire soit bénie pendant vingt générations). Et encore, ça dépend des jours… Mais ce sont des subtilités qui ont dû échapper à cette tronche d’expert. À part ça, certains ici kiffent grave James Brown, Johnny Cash et les Ramones.

Il pleut des euros ! > Le sixième Forum mondial de l’eau se tiendra à Marseille du 12 au 17 mars. Hôtels et restaurants de la ville s’apprêtent à accueillir plus de 20 000 congressistes et l’évènement, doté d’un budget de 30 millions d’euros, est largement subventionné. Le Conseil mondial de l’eau, dirigé par le président de la Société des eaux de Marseille, filiale de Veolia, se réserverait un « droit d’évènement » de cinq millions d’euros… Veolia toujours, contributeur de l’opération à hauteur de quatre millions, récupérera fissa son investissement en tant qu’exploitant du parc Chanot loué… au Forum. Que du gagnant-gagnant pour cette vaste entreprise de com’ en faveur des multinationales de la flotte ! Pendant ce temps, le Forum alternatif mondial de l’eau (Fame) galère pour autofinancer ses 180 ateliers prévus en parallèle au pince-fesse officiel.

MDR > À la veille de plusieurs jours de grève nationale, le principal syndicat de policiers grec a menacé, vendredi 10 janvier, de réclamer des mandats d’arrêt pour « chantage, tentatives de subrepticement abolir ou rogner la démocratie et la souveraineté nationale » contre les émissaires du Fonds monétaire international et de l’Union européenne qui séjournent à Athènes. Souhaitons que la procédure respecte le bon ordre : d’abord les technocrates en état d’arrestation, puis la flicaille…

Les vers de la maire > Montreuil, 31 janvier au soir : trois habitants d’un squat de la rue de Vincennes sont jetés à la rue par le « de la tranquillité publique » de Mme Voynet, dirigé par un petit nerveux, parfois fourré avec une bande d’agents équipés comme il faut... Une semaine après, celui-ci recevra les éloges de sa maire lors d’un discours sur le logement : « Les agents de la direction des solidarités et de la tranquillité publique, par exemple, mènent un travail très difficile. Mais leur mobilisation constante, leur engagement sans failles aux côtés des plus fragiles, des sinistrés, des exclus, souvent dans l’urgence, permettent de rendre un peu moins insupportables des situations qui ne devraient pas exister dans notre société. » Dans le monde des politicien-ne-s, le ridicule ne tue pas.

Malaise dans l’Éducation nationale > Même la femme du ministre Luc Chatel se suicide.

Sainte Alliance > Les calomnies déversées sur les Ultras égyptiens n’y ont rien fait : ce sont les militaires qui ont été désignés comme les seuls responsables du massacre de Port-Saïd. Après une semaine d’affrontements dans les rues de plusieurs villes, une multitude de mouvements qui considèrent que la révolution est loin d’être achevée ont lancé pour le 11 février, jour anniversaire de la chute de Moubarak, un appel à la désobéissance civile, voire à la grève générale. Les militaires déploient leurs chars à travers le pays, les autorités musulmanes et orthodoxes rappellent que Dieu n’aime pas du tout les désobéissants, et le Premier ministre menace ceux qui « veulent renverser l’État ». Amitiés et respect pour les révolutionnaires égyptiens !

Radicalité par la racine > Après des années passées au chevet de personnes en fin de vie, une infirmière australienne vient de publier un bouquin, The top five regrets of the dying (Les cinq plus grands regrets des mourants). « À la fin de leur vie, les gens atteignent une grande clarté de vision », affirme-t-elle. Parmi ces derniers souffles de lucidité, les « J’aurais aimé avoir le courage de vivre comme je voulais, et pas de vivre la vie qu’on attendait de moi », « Je regrette d’avoir travaillé si dur », et « J’aurais voulu avoir le courage d’exprimer mes sentiments » remportent la palme et semblent dessiner les contours de regards franchement subversifs. Mais un chouille tardifs ! Manière, dans un dernier sursaut de vitalité, de s’adresser aux vivants pour leur dire « Mais qu’est-ce que vous attendez, bordel ! ».

Regarder ailleurs > Alors qu’un froid polaire sévit à Marseille depuis une semaine, un salarié du Samu social témoigne dans un article de La Provence du 5 février dernier : « Nous avons pour consigne non écrite de contourner les Roms au prétexte qu’ils seraient trop nombreux. Lorsqu’on passe, en accélérant, devant une tente dans laquelle vivent trois enfants, est-ce qu’on fait notre travail ? » Cela dépend. Le travail en question est-il de considérer qu’un bon Rom est un Rom mort ?

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