Brèves du 107

Galvaniser les troupes > L’assaut sur le Nord Mali n’a pas tardé. Le 12 janvier, avec l’accord du Conseil de sécurité de l’ONU et sur la sollicitation du président malien par intérim Dioncounda Traoré, l’armée française a repoussé l’avancée des fondus islamistes. Peu auparavant, le chanteur Tiken Jah Fakoly, dans le rôle du troubadour guerrier, avait répondu à la mobilisation générale en entonnant « An Ka Wili » – « Levons-nous ! » en langue bambara –, hymne à la reconquête et au panafricanisme. Le rasta ivoirien, résidant à Bamako, apparaît désormais en uniforme et invoque « les griots [qui] chantaient pour mobiliser et donner courage aux soldats qui allaient se battre au front ». On l’a connu mieux inspiré, quand il dénonçait néo-colonialisme et soutien des Occidentaux aux dictatures.

Kleptocratie > « Les dirigeants corrompus des pays pauvres détournent chaque année jusqu’à 40 milliards de dollars et mettent ces avoirs volés en sûreté dans des pays étrangers », peut-on lire sur le site de la Banque mondiale au sujet du recouvrement des « biens mal acquis ». Pour lutter contre la corruption, l’ONU a désigné comme champion… le Qatar, en la personne du procureur Ali Ibn Fetais al-Marri. Dans Le Monde du 12 décembre 2012, une « source familière du dossier » commentait la méthode en question : « La voie qui a été choisie est celle de la transaction. Cela suppose que, en échange d’une restitution des biens spoliés, les nouveaux régimes issus des révolutions lèvent les poursuites engagées et permettent aux personnes jusque-là recherchées de voyager à nouveau, voire de revenir dans leur pays. » Dans le même temps, apprend-on, le Qatar offrait à la Tunisie une subvention de vingt millions de dollars aux victimes de la répression. L’amnésie a donc un coût, un drôle de coût même.

Âpre nouvel an > Peu de gens savent ce qu’est l’Aide personnalisée au retour à l’emploi (Apre), pas même ceux qui y auraient droit. C’est sans doute pour cela, qu’en douce, elle a tout bonnement été supprimée du budget de Pôle Emploi pendant la trêve des confiseurs (circulaire interne du 28 décembre). Cela devait pourtant servir à aider les allocataires du RSA à payer transport, habillement, logement, garde d’enfant… au cas où ils trouveraient du travail. Financée par l’État, mais décriée pour sa complexité et sa lourdeur administrative, l’APRE a disparu dans le silence le plus total. Hé, les pauvres, bonne année quand même !

Mort sur ordonnance > Le 12 novembre 2009, Mohamed Boukrourou se rend à la pharmacie pour acheter ses médicaments. Le potard insistant pour lui fourguer des génériques, le ton monte entre les deux hommes. La police est appelée. Menotté, Mohamed est traîné jusqu’au fourgon, où il rend son dernier souffle sous les coups. « Les policiers se sont acharnés sur ce pauvre homme. Ils sont montés sur son corps, ils l’ont piétiné », plaide l’avocat de la famille. En vain, puisque un non-lieu est prononcé la veille de Noël. Le 6 janvier 2013, la procureure de Montbéliard (Doubs) confirme la relaxe des quatre policiers impliqués. Malgré ces mesures radicales, 57 % des Français continuent de bouder les génériques.

Tant que ça roule > « C’est une excellente nouvelle qui montre qu’on peut faire reculer un tel projet. Mais nous restons vigilants. […] Et tant que les États membres de la commission européenne ne remettent pas en cause les politiques d’agrocarburants, on n’aura pas avancé », estime un opposant à l’implantation d’une usine de transformation d’huile de palme à Port-la-Nouvelle (Aude) – lire CQFD n° 93. Après tergiversations, la firme malaisienne Sime Darby Unimills (SDU) a finalement jeté son dévolu sur Rotterdam pour installer sa nouvelle usine. L’huile brute proviendrait du Liberia, où 5 % des terres sont déjà sacrifiées sur l’autel de la monoculture de palmiers à huile. Pas contents, les paysans libériens dénoncent la voracité de l’accapareur de terre SDU. Encore des culs-terreux qui n’entravent rien aux enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique !

Pourvu que ça roule > « Nous produisons pour protéger notre société des effets pervers des mafias qui sont en train de s’implanter sur le territoire pour produire du cannabis, souvent frelaté, à grande échelle et le revendre à nos enfants », explique un jardinier investi dans le Cannabis social club de Tours (Indre-et-Loire). Le club fonctionne comme une coopérative agricole où chacun investit – chanvre, terreau, etc. – en fonction de sa consommation personnelle. Inscrits dans une démarche de désobéissance civile visant la dépénalisation, ce club a déjà essaimé sur le territoire au vu et au su de la maréchaussée, qui pour l’instant s’est bien gardée d’intervenir. En février, les Cannabis social club envisagent même de se déclarer en préfecture. Restons optimistes : en 2011, à peine 140 000 de nos concitoyens se sont fait serrer pour usage de stupéfiants.

Veni, vidi, ex-libris > Elles sont toutes là, à disposition : les PlayStation 3, les Xbox, Wii et autres consoles portables. Le 18 décembre dernier, la médiathèque André-Malraux de Strasbourg (Bas-Rhin) invitait des jeunes à griller leurs derniers neurones devant des jeux vidéos. Plusieurs bibliothèques de l’Hexagone se sont déjà mises à la page, espérant attirer un nouveau public. Il s’agit de considérer le jeu vidéo comme « un produit culturel à part entière représentatif de son époque » et susceptible d’offrir à nos institutions de nouvelles perspectives en termes « d’image et de services ». « J’ai déjà une console chez moi et je préfère les jeux de football ou de guerre. Ici, je pourrai tester des jeux d’aventure et d’autres, c’est très intéressant », a déclaré un petit Strasbourgeois ravi. En cas d’échec, une reconversion du rayon « Histoire » en terrain de paint-ball serait à l’étude.

Chez les sportifs > Une application pour Smartphone permet de comptabiliser et sauvegarder vos statistiques sexuelles – fréquence, localisation, « performances », calories dépensées… – et vous propose même quelques idées pour épicer vos ébats. Faute de l’avoir testé, nos services ne savent toujours pas si c’est compatible avec fessebook.

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