Édito-sommaire

Au sommaire du n°159

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En une : "Le chien rouge a la dalle" par Vincent Croguennec.
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Edito : Le retour de l’ombre des ténèbres

« Ce sont souvent des jeunes qui s’instruisent, qui écoutent le discours des politiques, qui écoutent les journalistes, qui nous détestent tous et veulent en découdre. »

(Dominique Rizet, consultant justice/police de BFM TV, 26 octobre)

Tremblez, braves gens ! Planquez femmes et enfants ! Blindez vos portes ! Fuyez les cagoules ! Car oui : ILS sont de retour. Toujours aussi flippants. Prêts à semer chaos et destruction. Qui ça ? Nos Huns contemporains, bien sûr : ladite « nébuleuse de l’ultragauche ». Qui en plus se pique de « s’instruire », désormais. Alerte noire.

Et ce ne sont pas des paroles en l’air. Quand des organes de presse aussi dignes de foi que Le Parisien (« Inquiétante ultragauche »), Le Figaro (« Vandalisme : l’ombre de l’ultragauche ») ou BFM (« Incendie d’une gendarmerie à Meylan : l’ombre de l’ultragauche ») tirent la sonnette d’alarme, c’est qu’il y a péril en la demeure. Rappelez-vous « l’affaire de Tarnac » : le champ lexical était le même, les réactions politiciennes aussi. Et on était bien content d’ainsi être tenus au courant de ce qui se tramait dans l’ombre, à savoir le chaos. Certes, tout ça a fait pschitt dans les grandes largeurs. Mais ça aurait pu être vrai...

Cette fois-ci : pareil, on flippe. Une gendarmerie qui crame par-ci, une ligne THT sabotée par-là, quelques voitures de DRH qui partent en fumée. Et voilà la « Nébuleuse » de retour. En pire. Il y aurait ainsi plus de filles impliquées, frissonne Le Parisien, qui explique aussi que l’effrayant Julien Coupat prendrait des taxis pour échapper aux filatures. Lequel a l’outrecuidance de persifler dans Lundi Matin1 : « Malgré l’immensité des moyens qui leur sont alloués, c’est toujours le même scénario mal ficelé [...] que l’on ressort du même tiroir poussiéreux. »

D’aucuns ont beau dire que tout ça est exagéré, voire mis en scène. Mais nous, au Chien Rouge, on sait bien que l’ultragauche est un vrai péril pour la démocratie. Beaucoup plus que le détricotage du système social, la mise à sac de la planète ou l’ahurissante morgue des puissants au pouvoir.

D’ailleurs, nos sources policières le confirment : la France a peur. Derechef. Il se murmure même que de dangereux gauchistes se tapiraient dans les ténèbres de locaux enfumés pour pondre des canards irrévérencieux, allant jusqu’à écorner l’image présidentielle. Du terrorisme visuel au terrorisme réel, il n’y a qu’un pas. On va donc surveiller tout ça. Et dans le prochain numéro, il y aura un dossier « Injures anti-Macron : l’ombre de l’ultra-gauche ». Il faut bien ça pour relancer les ventes.

Macron-sternant !

« Je serai d’une détermination absolue et je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. Et je vous demande d’avoir, chaque jour, la même détermination. » Jupiter-à-terre, septembre 2018.

« T’inquiète, mec, on est déter’ ! » La rédaction de CQFD, octobre 2018

Par Elzazimut.

Mépris de classe : Quand la rue répond à Macron > Les sorties présidentielles sur les fainéants en T-shirt qui foutent le bordel se sont multipliées depuis l’accession au trône d’Emmanuel 1er. Elles ne laissent pas le bon peuple indifférent. Propos ramassés dans et autour de la manif du 19 octobre à Marseille.

Pas de fainéants au salon des entrepreneurs : "Rêver où personne n’a rêvé !" > Octobre 2017 : Marseille accueille le Salon des entrepreneurs. Le Chien rouge m’a demandé d’y faire un tour, pour voir ce que « la startup nation » chère à Macron pensait de la fainéantise. Cerise sur le CAC 40, je devais ramener le témoignage d’un dirigeant gratiné. Un vrai. « Un cost-killer, mon petit Totof », a précisé le rédac-chef. « Affirmatif  », j’ai répondu. 

Monsieur le président, on vous fait une lettre > Poster hommage d’insultes à notre président tant admiré.

RSA et assedics : Mais ils sont où les fainéants ? > Ils animent un lieu collectif. Font vivre des médias libres. Mettent la main à la pâte militante. Et vivent, ou survivent, grâce aux minima sociaux ou aux Assedics. Proches de CQFD ou participant au journal, ils appartiennent de fait à cette frange contestataire à laquelle pensait Macron en fustigeant les «  fainéants et extrêmes ». Des fainéants, eux ? Tout le contraire, bordel.

Actu de par ici

Kokopelli, les graines de la discorde : Mère nature et père fouettard > Avis aux blogueurs passionnés de permaculture mais critiques sur l’évolution de l’association de sauvegarde des semences Kokopelli : ils ont intérêt à la boucler, au risque d’un procès en diffamation. Pour les journaux, par contre, pas de problème. C’est que l’association choisit soigneusement qui elle décide d’attaquer.

Élèves migrant.e.s dans le 93 : Classes vides, enfants en rade > Ubuesque ! En Seine-Saint-Denis, des enfants attendent des mois avant de pouvoir rejoindre leur classe. Pendant ce temps, leurs professeurs font cours dans des salles presque vides. Alice Groult, enseignante au collège Jean-Moulin d‘Aubervilliers, revient pour CQFD sur la scandaleuse situation de ces classes d’accueil.

Entretien avec Christine Ribailly : La prison, une entreprise de destruction sociale > Il n’y a pas de bergère sans loup. Celui de Christine Ribailly, qui élève des moutons dans le Tarn, ça a été la prison. Elle y visitait son compagnon et est vite devenue la bête noire des matons, à qui elle ne laissait rien passer. Jusqu’à croupir derrière les barreaux à son tour. À force d’outrages, rébellions et violences, elle y a passé quatre ans, dont la moitié à l’isolement ou au mitard. Parcours d’insoumise.

Cauchemar minier : Châteaux en Bretagne > Pour toutes sortes de besoins industriels, la pénurie de sable guette. Dans la baie de Lannion (Trégor, 22), c’est une dune sous-marine qui attise les convoitises du groupe Roullier, leader européen des fertilisants. Mais une forte opposition locale, menée par plusieurs associations et collectifs d’habitant.e.s, dont « Le Grain de sable dans la machine » (qui répond ici aux questions du Chien rouge), est en train de lui couper l’appétit.

Modernisation de la distribution du courrier : Poste apocalypse > La dématérialisation du courrier – les mails, quoi – mettrait à mal la pérennité de La Poste, selon sa direction. Et justifierait les attaques répétées contre le métier de facteur. La devise de l’un d’entre eux, Serge Reynaud, reste toutefois celle‑ci  : ne pas plier.

Actu de par ailleurs

Pouvoirs publics à l’abandon : Le Portugal à feu et à cran > À en croire nos plus brillants analystes, le Portugal sort la tête de l’eau après avoir subi les affres de l’austérité. Mais derrière les chiffres clinquants d’une croissance sur le retour se cache une tout autre réalité : celle d’une population abandonnée à son sort par les pouvoirs publics. Chronique d’un État qui se dévoie et d’un peuple portugais qui s’organise.

Startupisation de l’assurance chômage : Un axe Berlin-Marseille contre la broyeuse à chômeurs > Invité par CQFD, un collectif de précaires berlinois sera à Marseille le 11 novembre pour partager son expérience de lutte contre les dispositifs de flicage et de mise au turbin des chômeurs. Hartz IV ou Macron 1er, même combat !

Séquelles militaires françaises en Algérie : Mines antipersonnel, merci colon ! > Pendant la guerre d’indépendance algérienne, l’armée française a truffé le pays de millions de mines. Puis elle a attendu 45 ans avant de partager ses cartes des zones piégées. Depuis 1962, les victimes se comptent par milliers. Et ce n’est sans doute pas terminé.

Déni de mémoire à l’est de la Bosnie : Višegrad, la ville qui a coupé le pont avec son passé > En 1992, des milices serbes ont massacré les populations musulmanes de Višegrad, dans l’est de la Bosnie-Herzégovine. Une histoire terrible, beaucoup moins connue que d’autres épisodes du conflit yougoslave. Et pour cause : tout est fait pour occulter ce passé, des actions de la municipalité aux délires d’un certain Kusturica. Reportage.

Lectures et cultures de partout

Conversation avec Alèssi Dell’Umbria : Telle la tarentelle... > Après avoir campé l’universalité d’une histoire de Marseille que l’histoire officielle s’entête à provincialiser, Alèssi Dell’Umbria rend hommage dans Tarantella ! aux pratiques musicales et à certains rituels magiques d’un Sud italien prétendument attardé. Discussion à bâtons rompus.

Par Juliette Barbanègre.

Migrants à Vintimille : La mémoire d’un camp autogéré > Un bel ouvrage retrace la vie du Presidio, camp éphémère de migrants et de leurs soutiens. Celui-ci a pris forme quelques semaines en 2015 en bord de mer, à quelques encablures de Vintimille, tout contre la frontière...


1 « Retour du ‘retour de l’ultra-gauche’ », 23 octobre 2017.

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1 commentaire
  • 26 novembre 2017, 18:01

    À propos de : « S’il se passe quelque chose » (CQFD nov 2017) croisé avec « Les bourses ou la vie » (CQFD mars 2017) :

    Si les hommes se taisent, c’est qu’ils n’ont pas le temps.

    Dans le cas où vous êtes abonné.e.s à CQFD, je serais curieuse de savoir comment vous en êtes venu.e.s à le prendre, vous, votre abonnement.

    Moi, c’est de guerre lasse.

    Je m’explique : mon compagnon, lecteur régulier du Chien Rouge, aimait le prendre lors de son petit marché auprès de son vendeur à la criée favori, un copain qui vous persuaderait1 de lui acheter les prothèses de hanches d’Usain Bolt. Mais voilà qu’un jour récent, tandis que notre copain revient à la louable charge pour qu’on s’abonne, je réponds le rituel : – Mais tu sais bien que mon chéri préfère te l’acheter au marché. Le copain : – Il n’a plus le temps de venir, au marché. Moi : – Merde, c’est vrai... Bon, je peux te faire un chèque pour régler l’abonnement ?

    Pourquoi je vous raconte cette anecdote captivante ? Parce que je viens de fêter l’abonnement consenti2 en lisant Queen Kong : S’il se passe quelque chose3. Où la consoeur4 Marie Hermann entame sa conclusion5 avec : Et nous sommes fatiguées.

    Oh oui putain, oh oui consoeur, tu dis vrai, je me sens extrêmement fatiguée ! (Ou vidée, ou lessivée, faites votre choix.)

    La conclusion est précédée de : « il n’existe aucun refuge, aucune paix : nous sommes toujours acculées à la guerre – ou à la capitulation ».

    Bon moi, perso, vous savez quoi, j’ai capitulé : j’opine6 du bonnet, je signe les chèques et je la boucle. Tranquille.

    Oui, je suis de guerre trop lasse.

    Au fait, lasse serait la persistance de l’ancienne prononciation du masculin las (https://fr.wiktionary.org/wiki/de_g...) ! Moi qui croyais que la langue dans son génie nous rappelait qu’aux femmes chaque matin la tâche de se lever du pied de guerre, et de s’y user à petit feu...

    À moins comme dit Marie de capituler. De déposer les armes. Ou de quitter le champ de bataille.

    C’est bien, ça, abandonner le terrain. Avant de lire ce billet triste et doux de Marie Hermann, j’avais un pied dehors.

    Mais pas assez pour ne pas lire le billet. Et pas assez pour ne pas poursuivre avec « Paroles de femmes, silences d’hommes » de Maïa Mazaurette auquel renvoie Marie7. Un moment d’inattention et voilà, ça arrive : j’avais rentré mon pied, je ne fuyais plus. Manquait plus que ça.

    En attendant, vous allez rire, mais à 50 ans imminents, je crois que c’est ce qui m’a le plus fatiguée, lassée et écoeurée : le silence de nos hommes. À 50 ans imminents : lisez, avec mon bagage ordinaire de mains au corps, d’insultes, à moi ou à la déjà femme de mes filles, avec mes casseroles pleines de « tourne-toi, pour bander il faut que je te domine » ou de « mais je ne vais pas me faire couper les couilles pour toi » (à propos de la vasectomie, on en parlera plus bas, histoire de continuer à rire), avec mon vécu varié des formes de violences insidieuses – oh pas les coups, non pas les cris, parce que ça se voit et que ça s’entend, mais les formes discrètes, policées, de la loi du plus fort dont souvent même le plus fort n’a pas conscience, c’est d’ailleurs ce qui les rendent si efficaces, ces formes de coercition invisibles...

    Oui, femme d’un demi-siècle qui ai vu les loups et aime vivre avec, qui ai roulé mes bosses, c’est ce qui a eu le plus raison de ma résistance : le silence de nos hommes qui « s’offusquent du comportement des « porcs » sans jamais se regarder eux-mêmes », merci Marie. Nos hommes dont le regard s’affole quand il s’agit de se « regarder eux-mêmes ». Qui ont le silence sélectif.

    Ne disent que la moitié des choses. Comme dans « Les bourses ou la vie »8 de Christophe Goby dans le même Chien Rouge, tiens, numéro de mars 2017.

    Bon, je ne commenterai pas la possible misogynie inconsciente de « pour que vous gloussiez comme des dindes » et « la dame de 59 ans du Planning familial », ni les bien différents « genre alpiniste » et « attirail de guerrier », mais avant de quitter définitivement le champ de bataille, mes armes abandonnées au pied des vainqueurs, j’aimerais compléter les semi-vérités les plus criantes de cet article.

    Et après je la boucle, j’opine du bonnet et je signe le prochain chèque d’abonnement, c’est promis.

    Semi-vérités, j’ai dit ? Donnons un exemple : à propos d’Aurélien qui dit s’être « fait couper les choses ».

    À propos de : « S’il se passe quelque chose » (CQFD nov 2017) croisé avec « Les bourses ou la vie » (CQFD mars 2017) :

    Si les hommes se taisent, c’est qu’ils n’ont pas le temps.

    Dans le cas où vous êtes abonné.e.s à CQFD, je serais curieuse de savoir comment vous en êtes venu.e.s à le prendre, vous, votre abonnement.

    Moi, c’est de guerre lasse.

    Je m’explique : mon compagnon, lecteur régulier du Chien Rouge, aimait aller le chercher lors de son petit marché auprès de son vendeur à la criée favori, un copain qui vous persuaderait de lui acheter les prothèses de hanches d’Usain Bolt. Mais voilà qu’un jour récent, tandis que le copain revient à la louable charge pour qu’on s’abonne, je réponds le rituel : – Mais tu sais bien que mon chéri préfère te le prendre au marché. Le copain : – Il n’a plus le temps de venir, au marché. Moi : – Merde, c’est vrai... Bon, je peux te faire un chèque pour régler l’abonnement ?

    Pourquoi je vous raconte cette anecdote captivante ? Parce que je viens de fêter l’abonnement consenti en lisant Queen Kong : S’il se passe quelque chose. Où l’auteure Marie Hermann entame sa conclusion avec : Et nous sommes fatiguées.

    Oh oui Marie, vous dites vrai, je me sens extrêmement fatiguée ! (Ou vidée, ou lessivée, faites votre choix.)

    La conclusion est précédée de : « il n’existe aucun refuge, aucune paix : nous sommes toujours acculées à la guerre – ou à la capitulation ».

    Bon moi, perso, vous savez quoi, j’ai capitulé : j’opine du bonnet, je signe les chèques et je la boucle. Tranquille.

    Oui, je suis de guerre trop lasse.

    Au fait, lasse serait la persistance de l’ancienne prononciation du masculin las (https://fr.wiktionary.org/wiki/de_g...) ! Moi qui croyais que la langue dans son génie nous rappelait qu’aux femmes chaque matin la tâche de se lever du pied de guerre, et de s’y user à petit feu...

    À moins comme dit Marie de capituler. De déposer les armes. Ou de quitter le champ de bataille.

    C’est bien, ça, abandonner le terrain. Avant de lire ce billet triste et doux de Marie Hermann, j’avais un pied dehors.

    Mais pas assez pour ne pas lire le billet. Et pas assez pour ne pas poursuivre avec « Paroles de femmes, silences d’hommes » de Maïa Mazaurette auquel renvoie Marie. Un moment d’inattention et voilà, ça arrive : on hésite. Manquait plus que ça.

    En attendant, à 50 ans imminents, je crois que c’est ce qui m’a le plus fatiguée, lassée et écoeurée : le silence de nos hommes. À 50 ans imminents : lisez, avec mon bagage ordinaire de mains au corps, d’insultes, à moi ou à la déjà femme de mes filles, avec mes casseroles pleines de « tourne-toi, pour bander il faut que je te domine » ou de « mais je ne vais pas me faire couper les couilles pour toi » (à propos de la vasectomie, on en parlera plus bas), avec mon vécu varié des formes de violences insidieuses – oh pas les coups, non pas les cris, parce que ça se voit et que ça s’entend, mais les formes discrètes, policées, de la loi du plus fort dont souvent même le plus fort n’a pas conscience, c’est d’ailleurs ce qui les rendent si efficaces, ces formes de coercition invisibles...

    Oui, femme d’un demi-siècle qui ai vu les loups et aime vivre avec, qui ai roulé mes bosses, c’est ce qui a eu le plus raison de ma résistance : le silence de nos hommes qui « s’offusquent du comportement des « porcs » sans jamais se regarder eux-mêmes », merci Marie. Nos hommes dont le regard s’affole quand il s’agit de se « regarder eux-mêmes ». Qui ont le silence sélectif.

    Ne disent que la moitié des choses. Comme dans « Les bourses ou la vie » de Christophe Goby dans le même Chien Rouge, tiens, numéro de mars 2017.

    Bon, je ne commenterai pas le titre, pas plus que la possible misogynie inconsciente de « pour que vous gloussiez comme des dindes » et « la dame de 59 ans du Planning familial », ni les bien différents de registre « genre alpiniste » et « attirail de guerrier », mais avant de quitter définitivement le champ de bataille, mes armes abandonnées au pied des vainqueurs, j’aimerais compléter les semi-vérités les plus criantes de cet article.

    Et après je la boucle, j’opine du bonnet et je signe le prochain chèque d’abonnement, c’est promis.

    Semi-vérités, j’ai dit ? Donnons un exemple : à propos d’Aurélien qui dit s’être « fait couper les choses ».

    C’est moi ou ça a dû en détourner pas mal, de nos hommes (et de nos femmes), de la vasectomie ? C’est moi ou même en lisant, noir sur blanc, que les « choses » en question sont les canaux déférents, on ne peut s’empêcher frissonner d’effroi quand même, oh, bien loin bien profond bien obscurément, parce que, qui sait, un bistouri qui dérape, et voilà qu’on leur coupe ... les couilles ? C’est moi ou en sous-titrant le graphique avec Stérilisation, on laisse involontairement entendre qu’il s’agit d’une stérilisation définitive ? Alors que l’opération est réversible, même si le rétablissement de la circulation des spermatozoïdes n’est garanti qu’à 50 % (http://vasectomie.net/la-vasectomie...).

    C’est moi ou l’article donne à penser que la différence entre vasectomie pour les hommes et ligature des trompes pour les femmes est principalement financière, et omet de préciser que la vasectomie prend 10 mns chez le médecin quand la ligature se fait à l’hôpital et soit sous anesthésie générale soit par pose d’implant qui va mettre trois mois à provoquer une fibrose des trompes ? Toute ligature des trompes étant parfaitement irréversible.

    C’est moi ou écrire « pour le collectif, les méthodes de contraception masculines ne sont pas meilleures que celles pour les femmes » oublie, aussitôt et bizarrement vu qu’on vient d’en parler, la vasectomie. Et exclut les femmes de ce collectif, parce que, honnêtement, entre quatre yeux, vous en connaissez beaucoup, vous, de femmes qui n’ont pas saigné comme des gorets (implant au cuivre), eu des migraines, pris du poids, flippé parce que ce qu’elles utilisent intervient sur leurs hormones (pilules, implants divers) etc. etc. ? Et que, finalement puisqu’on en parle enfin, peut-être que la vasectomie, les slips chauffants et les remonte-couilles, ça pourrait paraître à certain.es, « pour le collectif », de meilleures méthodes que celles proposées aux femmes ?

    C’est re-moi ou écrire « la mentalité est bien, encore, à la procréation » est une manière involontaire de ne pas écrire : « la mentalité est bien, encore : la contraception, c’est aux femmes de s’en débrouiller » (ce qui pourra vous être mansplainé ainsi : le corps des femmes n’est pas prévu pour être fertile tout le temps ; le corps des hommes, si).

    Je sais, je sais, on ne peut pas écrire tout ça, ça prendrait trop de place. On ne peut pas tout dire, ça prendrait trop de temps.

    Finalement, peut-être est-ce pour ça que nos hommes se taisent, non ? Tout simplement.

    Vous voyez, je vous l’avais annoncé : j’ai capitulé. Je suis parfaitement disposée à croire que nos hommes se taisent parce qu’ils n’ont pas le temps. Je mets quel ordre sur le chèque, pour les prothèses de hanche d’Usain Bolt ?

    MLS, une lectrice

Paru dans CQFD n°159 (novembre 2017)
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Par L’équipe de CQFD
Illustré par Elzazimut, Juliette Barbanègre

Mis en ligne le 04.11.2017