Édito-sommaire
Au sommaire du n°149
En une : "Y a-t-il une vie après le syndicalisme ?" d’Émilie Seto.
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L’édito : Le retour des catholiques zombies
C’est marrant les coïncidences. Au moment où Fillon dévoile, entre autres mesures ultralibérales, un véritable plan de mise à mort de la Sécurité sociale, tourne en France le dernier film de Gilles Perret, La Sociale. Un docu qui vient remettre à la lumière du jour la figure d’Ambroise Croizat, ministre du Travail à la Libération et grand architecte de notre système de protection sociale. Un communiste, passé par le bagne qui plus est ! Pétri d’émotion, l’historien Michel Étievent raconte ce temps d’avant la Sécu où un paysan riche de ses trois vaches dut vendre une de ses bêtes pour éviter que son fils meure d’une appendicite. On sait que dans le viseur des libéraux, attifés ultra ou socio-démocrates, se trouvent les fondements de cet État social issu du vieux compromis gaullo-communiste d’après-guerre. Depuis le fameux tournant de la rigueur de 1983, la mise en musique de son dépeçage est la même. Juste le tempo s’excite-t-il en fonction des habillages de la majorité au pouvoir. « La France n’a jamais été aussi à droite », professait une voix éditoriale sur une radio publique, insinuant par là que le peuple était enfin mûr pour quelque nouvelle saillie thatchérienne. Quand on voit le mépris et la brutalité avec lesquels ont été traitées les mobilisations contre la Loi travail, on se dit que quelques digues sanitaires ont dû péter : si même les socialos peuvent à ce point chier sur la piétaille, pourquoi un dépressif ouvertement catho et réactionnaire se priverait-il ?
On pourrait se foutre du cirque électoral, il n’empêche que les décisions prises par la canaille politicarde ont un impact sur nos conditions de survie matérielle. Le projet d’une Sécu solidaire était de nous protéger contre certains risques : maladie, vieillesse, accidents du travail, etc. Que cette idée progressiste tombe dans l’écuelle de la charogne assurantielle en dit long sur cet énième grand bond en arrière qui se dessine. En embuscade, la Le Pen parle déjà de « pire programme de casse sociale qui ait jamais existé ». Les hyènes sont prêtes à se bouffer le museau pour capter un maximum de voix. Rêvons un peu : si on cumule abstentionnistes et non-inscrits sur les listes, c’est 30 % du corps électoral qui ne fout jamais les pieds dans l’isoloir lors des présidentielles. Soit dans les treize millions de pékins. Imagine la gueule de la manif si tout ça se mettait en branle.
Dossier : "Y a-t-il une vie après le syndicalisme ?"
Rencontres avec des syndicalistes Solidaires > Apparue dans le paysage syndical français à la fin des années 1990, l’Union syndicale Solidaires a cherché à rompre avec les pratiques les plus détestables en vigueur dans les grandes confédérations. Intérêt plus pratico-pratique pour expliquer cet article, leur local marseillais est situé à deux pas de celui de CQFD. Témoignages croisés.
Entretien avec Génération Précaires > Depuis 2005, Génération Précaires lutte pour les (maigres) droits des stagiaires, multipliant les actions et les victoires sans ancrage partisan.
Trois questions à un syndicaliste d’ASSO > Le secteur associatif, branche non négligeable de l’économie et sorte de réserve où tentent de s’épanouir certains réfractaires aux rapports de production hiérarchisés, n’est pas exempt d’exploitation et de conflits. Rencontre avec Jonas, militant récent du syndicat ASSO.
Trois questions à Fight for 15$ > Aux États-Unis, 42% des travailleurs gagnent moins de 15 dollars par heure, pas assez pour subvenir à leurs besoins. La restauration rapide restant le secteur dans lequel les salariés sont les moins bien payés. Entretien avec Kendall Fells, organizing director de Fight for 15$, mouvement de lutte dans les Mac Donalds.
Entretien avec Julie, membre de ReAct-Paris > WTF with community organising ? Retour aux sources d’un syndicalisme non-corporatiste, combatif et internationaliste, avec ses agitateurs itinérants allumant des mèches depuis l’extérieur des entreprises ? Ou avatar « lutte des classes » des ONG mainstream ? Posons la question.
Tables rondes avec des précaires de la recherche > Le collectif national des précaires de l’Enseignement supérieur et de la recherche a été fondé en 2016. Regroupant plus de vingt collectifs locaux autonomes dans toute la France, il dénonce la précarisation en cours dans les universités, l’obsession de la rentabilité et les jeux de pouvoir systémiques. Discussion collective avec des doctorants en lutte de Paris 1, Paris 8 et Aix-Marseille. Et attention, ils sont chauds comme des baraques à frites. Résistance doctorale !
Entretien avec des participant•e•s de l’AG interpro de Saint-Denis > Pendant quelques mois, ils ont fait feu de tous bois. Alors que les manifestations contre la loi Travail ne cessaient de gagner en intensité, les participant.e.s de l’AG interpro de Saint-Denis ont multiplié les actions et les discussions. Pour principes : le refus de se focaliser sur un secteur particulier et l’envie de fédérer les énergies. Un délicat équilibre, fondé sur la force du nombre et l’enthousiasme séditieux des concerné.e.s. Retour sur ces moments de lutte, avec Kelam et Iris, deux participant.e.s de cette belle expérience.
Révoltées du logis > Histoire lacunaire des luttes des travailleuses domestiques en Bolivie.
Et aussi la grève des ovalistes lyonnaise (1869), écran total et syndicats de base italiens.
Enquêtes et reportages
La destruction > Après « Naissance et vie d’un ghetto » (paru dans CQFD n°148), Philippe Wannesson – toujours aux commandes du blog Passeurs d’hospitalités – nous livre la chronique de la destruction du plus grand bidonville de France.
Procès flash-ball > Chose rare, trois flics comparaissaient devant le tribunal de Bobigny – du 21 au 25 novembre dernier – pour avoir tiré dans le tas, il y a sept ans de ça, à Montreuil. Six blessés, dont Joachim, mutilé. Récit d’audience.
L’Amérique racontée par ses vices > Le 20 janvier 2017, Donald Trump sera investi de son titre présidentiel. Coïncidence : le même jour et à un océan de là, paraîtra en librairie l’ultime et treizième volume de la revue DoggyBags. Sexe et violence : si la recette a participé au succès de dirty Trump, elle aura permis au comics français de retendre avec succès les ficelles des vieux pulps. Suspense, frissons et horreur. Here we are.
Témoignages tsiganes > Ce livre, « Brûlez-moi, comme ça, je peux chanter ! », raconte la vie de quelques familles rroms à Marseille.Dom et Kamar Idir, avec la complicité de Dominique Carpentier, partagent leur engagement aux côtés de Sabina, Sergiu, Petru, Mimi, Ramona, Marin, Vandana, Estera, Dorin, Samson, Florica, Moïse, Rezvan,… Des noms, des visages, des histoires que la société préférerait ne pas voir.
Cet article a été publié dans
CQFD n°149 (décembre 2016)
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Paru dans CQFD n°149 (décembre 2016)
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Illustré par Aurel, Emilie Seto
Mis en ligne le 02.12.2016
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Dans CQFD n°149 (décembre 2016)
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