Capture d’écran

Vivian vs Elon : 1-0 pour la Gen Z

Les bas-fonds des réseaux sociaux, c’est la jungle, un conglomérat de zones de non-droit où règnent appât du gain, désinformation et innovations flinguées. Ce mois-ci, notre reporter plonge dans la guerre ouverte que mène Vivian Jenna Wilson contre son père toxique Elon Musk.
Céleste Maurel

Vivian Jenna Wilson ressemble à n’importe quelle jeune femme américaine de la Gen Z (les mômes nés entre 1997 et 2010 environ). Passionnée du télécrochet « Drag Race »1, amoureuse de l’idole de la pop Chappell Roan et capable d’arriver deux bonnes heures en retard à son entretien pour le média mode Teen Vogue en mars dernier. Sauf que Vivian n’est pas tout à fait « n’importe qui » : elle est suivie par 1,4 million d’abonnés sur TikTok et portait jusqu’à peu un nom de famille qui lui colle encore à la peau… Musk.

Vivian est la fille de l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, devenu en quelques années le visage le plus flippant du technofascime américain. Elle raconte un père de quatorze enfants, moqueur et absent. L’étudiante ne veut pas être une « nepo baby », « une fille de » de plus. Elle a choisi la rupture.

Née en 2004 dans un corps de garçon, elle entame sa transition de genre à seize ans, avec le soutien de sa mère, l’actrice Justine Wilson. Deux ans plus tard, elle raye définitivement le nom de « Musk » de son état civil et chope le patronyme de la daronne. Elle refuse tout ce qui provient du patriarche, notamment sa thune.

Quand Musk radote ses fake news, Vivian démonte, ironise, recadre.

Depuis, la guerre est ouverte. Elon Musk multiplie les tweets transphobes sur son réseau social, X. Il affirme que le « virus woke » a tué son « fils » et se plaint d’avoir été contraint de signer des papiers pour son traitement hormonal. Il relocalise ses entreprises au Texas après que son État d’origine, la Californie, a promulgué une loi protégeant les droits des élèves transgenres, et déroule tranquillement sa route vers l’extrême droite, bras dessus bras dessous avec Donald Trump.

Alors Vivian riposte. Sur Threads, Bluesky, TikTok – bref, sur tous les réseaux concurrents que son père rêve d’enterrer. Quand Musk radote ses fake news, Vivian démonte, ironise, recadre. Dans son interview pour Teen Vogue, elle explique n’avoir plus aucun contact avec lui depuis 2020 : « Le salut nazi de l’investiture, c’était de la folie furieuse, appelons un chat un chat. Cette merde était bien un salut nazi. » Vivian brise également le storytelling qu’on avait construit autour d’elle. Selon des « experts », c’est sa transition de genre qui aurait impulsé le virage à droite de son père, autrefois démocrate. Un narratif absurde. On ne devient pas néonazi parce que son enfant vit sa vérité.

Quelques heures après la publication de l’interview, Elon Musk repart à l’assaut, partageant une énième théorie transphobe sur X. Selon l’oligarque en plein délire, la majorité des incendies volontaires de Tesla qui émaillent les États-Unis seraient signés de la communauté LGBT. Vivian, à l’aaaaaaide.

Constance Vilanova

1 Concours de drag queens au cours duquel est sélectionnée la « prochaine superstar du drag des États-Unis ».

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CQFD n°241 (mai 2025)

Dans ce numéro, on se penche sur le déni du passé colonial et de ses répercussions sur la société d’aujourd’hui. Avec l’historien Benjamin Stora, on revient sur les rapports toujours houleux entre la France et l’Algérie. Puis le sociologue Saïd Bouamama nous invite à « décoloniser nos organisations militantes ». Hors dossier, on revient sur la révolte de la jeunesse serbe et on se penche sur l’enfer que fait vivre l’Anef (Administration numérique des étrangers en France) à celles et ceux qui doivent renouveler leur titre de séjour.

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