Ce mouvement part d’un constat accablant, qui ne reste pas sans pertinence : le monde du rock est codifié, il est largement blanc, hétérosexuel et testostéroné. Très rapidement s’établit une jonction avec les activistes de la côte Est. Les Riot Grrrls combattent le capitalisme et le patriarcat. En ces temps préhistoriques où le Net à grande échelle n’existait pas encore, des dizaines de fanzines fleurissent et des conventions réunissant les différents « chapitres » d’émeutières rock s’organisent. Si les concerts sont ouverts à tous, les discussions se font souvent sur le principe de la non-mixité. On y réfléchit aux violences à l’encontre des femmes, à l’autodéfense féministe, au refus d’une vie normée. La presse, la production musicale et les tournées s’organisent selon le principe du Do It Yourself et du refus de la récupération spectaculaire.
Que certaines des protagonistes du mouvement riot grrrls aient poursuivi l’aventure musicale chez des majors comme Universal est une autre histoire qui ne concerne pas ce moment disruptif de plaisir et de création radicale narré par Manon Labry, auteure d’une thèse sur les sous-cultures nord-américaines. Un récit vivant – peut-être trop oralisé – et inédit en français.
Manon Labry, Riot Grrrls – Chronique d’une révolution féministe, Collection « Zones », éditions La Découverte, 2016.