Un tour de magie balladurien
T’as vu ?
Martine Aubry « dénonce » partout « les rumeurs concernant son mari, sa santé et son alcoolisme présumé » – rumeurs dont elle dit (sans vraiment le dire, mais en le disant tout de même un peu) qu’elle sait parfaitement qui les propage, suivez son regard et vous allez tomber sur des gens de chez le tout petit mec dont nous subissons depuis quatre loooooooooo(oooooooooo)gues1 années le joug présidentiel ; Martine Aubry a des noms, pour l’instant, Martine Aubry ne les donne pas, mais « un jour », elle prévient : elle « racontera tout », et là, putain, ça chiera pour ta gueule, Jacques Toub… Mon gars. (Mais pas tout de suite.)
Olivier Jay, directeur de la rédaction du Journal du dimanche d’Arnaud Lagardère, fait ce matin2, là-dessus, l’un de ses fameux éditoriaux3, pour énoncer que « ces attaques […] viennent alourdir un climat » qu’il n’hésite pas – l’Olive n’est pas du genre qui retient sa plume – à qualifier de « nauséeux », et qui, vu de lui, se constitue principalement de « l’affaire de la Porsche empruntée par DSK, la plainte tardive d’une “victime” de DSK, les révélations sur le financement de la campagne de 1995 du candidat Balladur. » T’auras compris : le mec prend là son lectorat pour un conglomérat de pauvres con(ne)s.
Car en effet, si rien ne permet de supposer que les attaques sur le mari ou la santé d’Aubry ne sont pas des bruits de chiottes (bien dans le ton, par conséquent, de la bande-son de la France d’après), ni « l’affaire de la Porsche empruntée par DSK » ni la « plainte tardive » d’une « “victime”4 de DSK » ne relèvent, quant à elles, du domaine de la rumeur : dans le premier cas, l’ex-boss de l’FMI a bel et bien emprunté une Porsche5, et, dans le second, une plainte (pour tentative de viol) a bel et bien été déposée contre DSK par une jeune femme qui affirme qu’elle produira, à l’appui de cette procédure, des éléments probants.
Enfin, pour ce qui concerne le financement de la campagne de Balladur en 1995 : il est d’ores et déjà établi qu’elle fut l’un de ces merveilleux moments de magie politicienne où l’argent, soudain, redevient liquide. Dès lors, quand le dévoué Jay range ces diverses affaires dans le même registre que les rumeurs visant Aubry, c’est aussi de la prestidigitation : un assez difficile tour de subversion de la réalité – mais dont il s’acquitte, avouons, très honorablement.
1 À CQFD, je t’ai jamais narré : je suis payé au signe. J’écris « longues » : je m’enlarge l’émolument de 1 500 euros. Bienvenus, j’en conviens. Mais si j’écris « loooooooooo(oooooooooo)ngues », c’est encore meilleur : je m’assure direct mon août aux Maldives. Reconnais que ça vaut que tu te fasses un peu chier ?
2 Nous sommes donc le dimanche 12 juillet 2011.
3 « Des textes d’une si vive intelligence, qu’ils donnent très fort l’envie de faire avec l’auteur de longues randonnées sous la moon », d’après Nadine Morano.
4 Noter les guillemets, tout en digne délicatesse…
5 Qui se trouvait être, détail ravissant, une voiture de fonction du groupe d’Arnaud Lagardère, propriétaire du Journal du dimanche – j’espère que tu suis ?
Cet article a été publié dans
CQFD n°91 (juillet-août 2011)
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Paru dans CQFD n°91 (juillet-août 2011)
Dans la rubrique Rage dedans
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Mis en ligne le 16.08.2011
Dans CQFD n°91 (juillet-août 2011)
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