Un peu moins confiant
Je lis ce matin chez les camarades du Diplo que « le programme du nouveau président » Françoizollande, pour tiédasse et « suffisamment modéré pour ne pas alarmer “les marchés” » qu’il soit, aurait du moins ceci d’un peu appréciable qu’il donnerait « un coup d’arrêt à la légitimation des thèmes xénophobes par le chef de l’État » dans laquelle le sarkozysme s’est journalièrement complu, tout au long des cinq années de permanente dégueulasserie que nous venons d’endurer – et sinon, je pourrais continuer cette phrase pendant quelques supplémentaires plombes encore, en y mettant plein de virgules et de tirets, puis quelques parenthèses, mais là, tout de suite, et pour une fois, j’y tiens pas plus que ça, alors si tu veux bien je vais l’arrêter ici, merci.
Personnellement, et puisque tu me demandes (avec beaucoup d’urbanité) mon point de vue : je suis, pour ce qui touche à ce point, un peu moins confiant que les camarades du Diplo.
Car certes : les « socialistes » françousques se montreront, c’est probable, moins directement râpeux que n’était la bande à Guéant avec l’indigénat de la République.
Mais en l’état actuel de nos connaissances : rien ne permet, je crains, de supposer qu’ils vont, durant qu’ils règneront, se défaire de l’incommodante habitude qu’ils ont prise, depuis quelques années (et avec la bénédiction d’une éditocratie barbichue qui se pâmait à l’idée qu’ils brisent si fort du tabou), de proclamer tous les deux matins que c’en est fini du temps qu’ils étaient « angéliques », et qu’ils sont de plus en plus d’accord avec la droite UMPique1 pour considérer, liste non exhaustive, que la sécurité ist ein droit2, mais que la burqa, non (et qu’il faut mettre au pas l’insoumise Fatima) – et qu’il y a cheux nous, comme l’a si dignement récité Françoizollande aux derniers jours de sa campagne, « trop d’immigrés en situation irrégulière », hein, Roger ?
En résumé, si t’es pas né(e) d’ici depuis vingt générations, et si tu pousses l’effronterie jusqu’à te montrer musulman(e)3 : je pressens que tu devrais te donner encore quelques heures, pour juger si vraiment la France d’après la France d’après est pour de bon mieux que celle d’avant – mais bien sûr, tu fais comme tu veux.
1 Où l’on a sur de tels sujets la même opinion que la Pen.
2 Entre ici, François Rebsamen.
3 Mais dans ce cas, faut reconnaître : tu cherches.
Cet article a été publié dans
CQFD n°100 (mai 2012)
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Paru dans CQFD n°100 (mai 2012)
Dans la rubrique Rage dedans
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Mis en ligne le 14.06.2012
Dans CQFD n°100 (mai 2012)
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