« Terroriser les délinquants », qu’il dit

À deux pas de la Canebière, une voiture banalisée de la Brigade anti-criminalité manque renverser deux enfants en poursuivant trois ados montés sur un scooter. Cet acte héroïque survient le 30 août, le lendemain du discours d’investiture du nouveau préfet de police, qui veut « terroriser les délinquants ». Faute de gros bonnets de la drogue ou de financiers spéculateurs, on se met ce qu’on peut sous la dent.

Le reportage diffusé le 3 août par France 2 sur le parking « autogéré » de la porte d’Aix, que des jeunes du quartier s’étaient approprié aux dépens de l’honnête concessionnaire Vinci, aura mis le feu aux poudres. Fissa, on a expurgé la place de son marché sauvage et de ses familles roms réfugiées sur la pelouse après une énième expulsion, afin de permettre au Guéant de l’Intérieur de venir y pousser la chansonnette de l’ordre républicain. Fillon a quant à lui fait un tour, fort audacieusement, dans un commissariat des quartiers Nord. Des cohortes de flics devraient bientôt déferler sur la « ville la plus pauvre de France ». Après les banlieues parisiennes en 2005-2006, Marseille est en passe de devenir le laboratoire sécuritaire et la vitrine électorale du Sarkozy version 2012. La preuve ? Une semaine plus tard, sur la même porte d’Aix, quatre CRS montent à l’assaut, la main sur la matraque, vers un ennemi invisible. L’ennemi en question ? Une maman ingénue qui, son bébé dans les bras, vient de s’asseoir sur la pelouse. « Ah, ça ! On est bien protégé, rigole Khaled, un client du bar du Triomphe. Pas de doute, ils nous protègent bien de tout ce qui est bon ! »