Edito du n°230

Les mômes à la shlague

Caroline Sury

Lundi 22 avril dernier, le premier Sinistre Gabriel Attal s’est rendu dans un lycée niçois, pour vanter fier comme un coq les mérites de la dernière trouvaille sortie de son chapeau autoritaire, l’« internat éducatif » à destination des élèves décrocheurs – sommés d’y passer leurs vacances. Il s’y est notamment livré à un hideux exercice de com’ face à une dizaine de mômes âgés de 13 à 16 ans, rechignant clairement à l’exercice et humiliés dans les grandes largeurs. « Est-ce que vous êtes contents d’être là ? » demande-t-il. «  Nan  », marmonne un minot, peu à l’aise dans son uniforme tricolore. « Bah c’est rassurant, sermonne-t-il, tel un père fouettard, parce que si vous étiez contents d’être là, on se dirait que c’est pas utile pour vous. » Plus tard, il somme les mômes pris en otage de l’opération médiatique de définir le terme discipline. « C’est le respect de soi, des autres  », répond un môme hésitant, qui se fait tout de suite rembarrer, par un Attal méprisant : « Et ? Et ? Et ? … C’est le respect des règles. […] Ne pas respecter les règles conduit toujours à l’échec. » Un mix de Pétain et de Pascal le Grand Frère.

À l’instar des vidéos utilisées pour propagander le Service national universel (SNU), ces images provoquent des bouffées de haine (ou d’angoisse, selon les tempéraments) à quiconque s’intéresse un chouïa à la question du bien-être des adolescents ou aux idéaux d’une éducation émancipatrice. Mais elle résume parfaitement la politique éducative d’un gouvernement qui, entre le recours à l’uniforme (obligatoire dès la rentrée 2026), la grotesque interdiction de l’abaya et l’obsession du « réarmement civique » fouille dans les poubelles de l’histoire pour ressusciter des dispositifs autoritaires les plus facho-friendly. Les enfants, et en premier lieu ceux des banlieues, n’auraient besoin que d’une chose, d’«  autorité  », mot utilisé la bagatelle de 32 fois dans un discours prononcé par le même Attal le 18 avril à Viry-Châtillon, dans lequel il prenait soin de ne pas oublier leurs « parents démissionnaires » à «  responsabiliser  ».

Il paraît que cette monomanie autoritaire est une stratégie à destination des boomers, ces vieux réacs qui pencheraient de plus en plus vers le RN. « Tu casses tu répares, tu salis tu nettoies, tu défies l’autorité on t’apprend à la respecter », comme mantra, c’est vrai que ça peut séduire les plus séniles scotchés à CNews. En tout cas, bien joué les champions ! Après n’avoir pas démérité dans la destruction de l’hôpital, du droit du travail, de la protection sociale ou de l’école, le dernier étage de la fusée est glorieux : détruire la jeunesse. C’est comment qu’on les freine ?

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