Le poids des rots, le choc des civilisations
Touchant, ce Charb, directeur de Charlie-Hebdo, venu à Marseille pour causer liberté de la presse dans la bibliothèque de l’Alcazar, installée au cœur d’un quartier qu’on nommait encore, il n’y a pas si longtemps, le quartier arabe. En première ligne du public clairsemé, ses amis les sbires du Service de protection des hautes personnalités, censés le protéger depuis la publication dans son journal de caricatures sur l’Islam, sont sur le qui-vive. Charb le dit, le gémit : il est une victime. Et répète à l’envi que la satire, c’est cool, c’est la liberté d’expression… Amen ! Qu’un fielleux consensus anti-arabe se répande en France et dans les pays occidentaux, ce n’est pas son problème. Qu’au boulot ou dans la rue, ses caricatures fournissent de nouvelles invectives pour stigmatiser une population déjà humiliée, ce n’est pas à cause de lui, se défausse ce crétin moderne qui a fait du cynisme généralisé son intouchable évangile. C’est cette race-là, sa race aveugle et étroite, qu’il défend. Car l’imbécile semble ne pas savoir qu’en dehors de ses apéros de rédac, il y a une différence entre islamistes et musulmans, et que dans le fond, ses insultes ne touchent pas tant la religion, mais une culture maltraitée. Aussi, le lamentable néo-con, après avoir éructé ses blagues coloniales, n’aura même pas tenté de distribuer le support papier de sa misère intellectuelle sur le cours Belsunce, entre le snack égyptien et la pâtisserie orientale. Il aurait pu, histoire d’approcher ces « cons qui aiment le prophète », si radicalement étrangers aux esprits éclairés qui, par dizaines de milliers, ont rempli les caisses de ce Beauf-Hebdo en croyant faire acte de courage laïc.
Cet article a été publié dans
CQFD n°104 (octobre 2012)
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Paru dans CQFD n°104 (octobre 2012)
Dans la rubrique Billets
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Mis en ligne le 16.10.2012
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Dans CQFD n°104 (octobre 2012)
Derniers articles de Gilles Lucas
15 novembre 2012, 10:54, par Reynald (Villeurbanne)
Il y a un an environ, j’avais réagi suite à un article de CQFD sur les "caricatures" de Charlie Hebdo. J’avais alors conclue de ainsi : " On est arrivé à obtenir la liberté (presque) totale de critiquer et caricaturer le christianisme, mais on constate l’inverse concernant le judaïsme et l’islam, il est plus que temps d’y mettre le holà, et le numéro de Charlie Hebdo y contribue. On peut avoir des sentiments divers sur la forme, mais c’est du second ordre, c’est l’objectif à la lutte contre les totalitarismes qui prime".
Rebelote cette année, avec en plus l’article de G. Lucas , qui a choisi de répondre par une bordée d’insultes à Charb, que je ne connais pas, pas plus que le Charlie actuel, que je n’ai pas lu depuis plusieurs années. Mais mon message de l’année passée reste valable, et même plus que jamais quand on voit la complaisance de la presse de révérence vis-à-vis de la stratégie d’emprise des totalitarismes religieux. Sur ce sujet, CQFD est dans la ligne du politiquement correct qui fait toujours référence aux majorités, silencieuses par essence, en feignant d’oublier que, là comme sur d’autres sujets, c’est les minorités qui sont agissantes, et qui font l’histoire. Je dis ’feignant" car CQFD en fait parti de ces minorités qui font bouger les choses dans les domaines plus progressistes, heureusement.