La guerre juste contre-attaque

La campagne de Libye devait être fraîche et joyeuse mais, si ce n’est pas encore Verdun, c’est déjà une sale guerre de plus. L’ONG Human Rights Watch a montré que les troupes de Mouammar Kadhafi utilisaient des obus MAT-120 à sous-munitions pour mater Misrata la rebelle. Ce type d’armes est interdit par une convention internationale ratifiée par cinquante-six pays, surtout parce que les mini-bombes qu’elles dispersent peuvent tuer des années après la fin de la guerre. Cathy Ashton, ministre des Affaires étrangères de l’UE a fustigé le risque qu’elles font courir aux civils, sans piper mot sur l’entreprise espagnole Instalaza SA qui les a vendues à Kadhafi à l’époque où on lui déroulait le tapis rouge. Aujourd’hui qu’on cherche à l’écrabouiller sous un tapis de bombes, il ose s’en servir, le barbare !

De leur côté, les preux chevaliers de l’Otan sont peut-être sans peur mais pas sans reproche : leur arsenal comprend des armes à l’uranium appauvri qui tuent pendant des millions d’années, sans distinguer le civil du militaire. Ils démentent les utiliser en Libye, seulement après que les États-Unis ont empoisonné les champs de batailles en Irak, ex-Yougoslavie et Afghanistan, il est difficile de les croire sur parole. D’autant plus que selon Paula Kurtz, porte-parole de l’US Air Force, son employeur n’exclut pas d’en faire usage à l’avenir, si c’est nécessaire à la protection des civils. Drôle de façon de défendre la veuve et l’orphelin. Les croisés des droits de l’homme voulaient faire souffler un vent de liberté sur la Libye, il se pourrait que le prochain coup de sirocco fasse grésiller les compteurs Geiger.

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Paru dans CQFD n°89 (mai 2011)
Dans la rubrique Billets

Par Georges Broussaille
Mis en ligne le 23.06.2011