Anti-THT

L’ennemi pas d’ici

Les « trotskistes anglais ». C’est ainsi que, en 1998, le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement dénommait les militants soutenant les sans papiers qu’il faisait expulser.

Le 24 juin dernier, les autorités de La Manche ont, elles aussi, fait face à des agitateurs qu’elles n’ont pas crus du cru : « Lorsqu’on regarde les plaques d’immatriculation, on voit bien qu’elles ne sont pas de la région, mais de toutes les régions de France, y compris de très loin, témoigne une représentante de la préfecture sur France 3 Basse-Normandie. [Ces] gens sont venus dans [le] but précis de […] lutter, peut-être pas contre la THT, mais contre l’ordre établi. » Elle fait référence ici aux trois jours de résistance organisés les 22, 23 et 24 juin, à Chefresne (Manche), contre une ligne très haute tension en cours de construction. Les affrontements champêtres entre manifestants et forces de l’ordre, bucoliques en diable mais sacrément violents, se sont soldés par une interpellation et six blessés. Dès lors, on s’interroge : pourquoi un habitant de Givet (Ardennes), par exemple, ne pourrait manifester ses convictions antinucléaires en Normandie – avec sa plaque d’immatriculation ?

Plus étonnant encore est le fait que ce reportage passe sous silence la mobilisation de la population locale contre le saccage de son environnement. Le 8 juin dernier, le conseil municipal du Chefresne a voté à l’unanimité le boycott du scrutin du premier tour des élections législatives pour protester contre le tracé de la ligne THT et le placement en garde à vue du maire, Jean-Claude Bossard, lors d’un précédent rassemblement. « Le conseil municipal, réuni samedi soir, a décidé en bloc de démissionner après que les gendarmes ont débarqué dans l’après-midi chez tous les conseillers municipaux avec des ordres de réquisition » pour que le vote puisse avoir lieu, a indiqué par la suite le maire du village. À croire que ce premier magistrat et ses conseillers sont membres d’une obscure cinquième colonne pilotée depuis l’étranger par des nostalgiques du chef de l’Armée rouge…

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1 commentaire
  • 1er octobre 2012, 12:25, par Cornière de pylône déballonnée

    "[Ces] gens sont venus dans [le] but précis de […] lutter, peut-être pas contre la THT, mais contre l’ordre établi. "

    Mais cette sous-préfète ne croit pas si bien dire : la lutte antiTHT est bien une lutte contre l’ordre établi par un état nucléaro-policier.