Édito du 93
Face à l’effondrement accéléré de la finance – les banques européennes, dont les françaises, ont perdu près de la moitié de leur valeur depuis la mi-août –, les autorités nous concoctent une solution à l’originalité stupéfiante. Laquelle ? Cesser de distribuer les dividendes aux actionnaires ? Nationaliser les banques pour les tenir à distance de toutes velléités spéculatives ? Raté.
La recette s’appelle re-ca-pi-ta-li-sa-tion : que les États, déjà exsangues, donnent des thunes pour que les banques puissent tenir. Reste la question centrale : où vont-ils trouver l’argent ? En plus de racketter, comme d’habitude, le citoyen lambda, est dorénavant envisagé d’envoyer les profiteurs du RSA faire les sorties d’écoles, de maisons de retraite ou de parcs publics. Imaginé par Laurent Wauquiez sous la forme d’un service social obligatoire puis glissé par Jean-François Copé, ce nouveau contrat d’utilité sociale, rémunéré, de cinq à dix heures par semaine, s’imposerait aux deux tiers des bénéficiaires non classés en catégorie cas sociaux lourds. Son refus entraînant une sanction financière, il devrait assurer aux collectivités de substantielles économies sur le dos de toutes ces feignasses d’assistés. Comme quoi, si cette expression – « utilité sociale » – hante encore l’esprit des gouvernants, c’est toujours contre nous qu’elle est employée.
Cet article a été publié dans
CQFD n°93 (octobre 2011)
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Paru dans CQFD n°93 (octobre 2011)
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Mis en ligne le 14.10.2011
Dans CQFD n°93 (octobre 2011)
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