Des pratiques mutantes de 68 aux « icitopies » du jour

par Rémi

Sont parues à peu près simultanément deux études chouagas sur les utopies.

Du jour au lendemain dans le quartier de Haight-Ashbury décrit par Steven Jezo-Vannier dans San Francisco, l’utopie libertaire des sixties (Éditions Le Mot et le Reste), l’usage de l’argent devient quasiment caduc. À l’initiative surtout du légendaire digger Emmett Grogan et de ses merry pranksters (joyeux farceurs), des as de la fauche et des combines gonflagas, on se met effectivement à nourrir gratos plein de monde. « La free food n’était pas tant un effort pour aider les pauvres que pour libérer les gens du salaire asservissant et montrer comment une société idéale pourrait fonctionner. »

Dans un même état d’esprit louftingue, on ouvre des free clinics, des free hostels et des free stores sans gérants, sans employés, sans caisses enregistreuses où on peut s’approvisionner aussi bien en outils et en électroménager qu’en meubles et en instruments de musique (jusqu’à des pianos !). Et on se lance dans des « pratiques mutantes, sources de nouvelles alternatives » en multipliant, par exemple, les bacchanales psychédéliques ou les acid trips collectifs « abattant les inhibitions et décuplant l’imagination » . Empruntés par les éminences grises (ou plutôt rouges et noires) du « laboratoire d’imagination insurrectionnelle », l’artiviste Isabelle Fremeaux et le cofondateur de Reclaim the Streets et de l’armée des clowns british John Jordan, les fort exaltants Sentiers de l’utopie (Éditions Zones) passent au crible onze manières « icitopiques » de vivre

autrement tout de suite : dans un camp climat, dans un hameau squatté, dans une école anar, dans une ferme parallèle, dans une communauté libertine, dans une usine serbe occupée ou dans « le chef-lieu de l’imprévu », Christiana.

Réponse de Noël au courrier qui lui était adressé le mois dernier (CQFD n° 86) :

Avoir placé un peu hâtivement, j’en conviens, le commissaire du peuple mitterrandophile (quelle horreur !) Mélenchon (un bougre assez sympa au demeurant, comme l’est aussi Besancenot) dans le camp libéral-libertaire où prospèrent Strauss-Kahn et Cohn-Bendit ne pouvait évidemment que mettre en pétard certains lecteurs pour qui Castro n’est aucunement un dictateur au même titre que Staline, pour qui les élections ne sont pas toujours des pièges à cons, et pour qui toute forme de pouvoir hiérarchisé (celui incarné par exemple par les chefs de partis et de groupuscules de gauche) n’est pas dégueulbif en soi. Camarade, la révolution sera anti-autoritaire, anti-travail et anti-flic. Ou ne sera pas.

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