Brèves du 103

Du pain et des jeux > Christophe Girard, ancien Vert passé au PS et responsable des pharaoniques projets culturels de la mairie de Paris, propose une motion sur le Revenu social garanti en vue du prochain congrès socialo prévu fin octobre. Après Villepin, lors de la dernière présidentielle, l’idée fait donc son chemin. Mais de quoi s’agit-il ? D’un revenu permettant à tous d’échapper aux affres d’un salariat de plus en plus précarisé ? Point du tout. Juste une énième resucée du revenu universel, un RSA certes amélioré mais limité au seuil de pauvreté, de quoi permettre à l’état de continuer à tenir le populo en laisse. De plus, vu les catégories principalement ciblées par Girard – artistes, étudiants en fin d’études – sa motion fleure bon la stratégie électoraliste. Tant qu’il y aura de l’argent…

AZF, le retour > On connaît enfin la vérité sur l’accident industriel impliquant une filiale du groupe Total qui a endeuillé la ville de Toulouse il y a onze ans : des poussières polluantes sur le site voisin d’AZF auraient fait disjoncter une ligne à haute tension provoquant un arc électrique qui aurait enflammé les vapeurs du carburant de la fusée Ariane dont l’explosion aurait déclenché un séisme activant une bombe de la dernière guerre oubliée sous le hangar d’AZF. Mazette ! Ne manque plus à ce scénario de la mort qui tue que la présence du jeune Mohamed Merah dans un avion survolant New York ! Mention spéciale au groupe Préventique, « spécialiste » du management du risque et lié par ses activités à Total, pour le ficelage de cette farce rendue publique, alors que la décision en appel doit tomber le 24 septembre prochain.

Cimetière > Le gars qui prend le métro parisien en ce jour de rentrée est plutôt de bonne humeur. En entrant dans le wagon, il lance un « bonjour tout le monde », sourit aux personnes qui croisent son regard, offre son journal à un voisin, cède sa place assise à une personne âgée. Des passagers qui s’inquiètent d’un comportement aussi inhabituel contactent les services de sécurité qui ne tardent pas à maîtriser et à embarquer l’énergumène. Ouf !

Métropolis > « La France a besoin que Marseille devienne une grande métropole européenne », a déclaré Jean Marc Ayrault, le 6 septembre, lors du Sommet ministériel sur la Sécurité. Pour étiqueter la ville « Capitale de la culture », il a déjà fallu en passer par la destruction de quartiers entiers, opération labellisée Euroméditerranée. L’œuvre civilisatrice est donc amenée à se poursuivre : plus de flics dans les rues et plus d’attaques contre les économies parallèles grâce auxquelles des milliers de personnes survivent. En deux mots : une répression tous azimuts. Vaste programme qui devrait, du moins l’espère-t-on, hisser cette ville au niveau des « grandes métropoles européennes » chères, aseptisées et inaccessibles. Un rêve.

Les trous de la Sécu > Courant août, la toute neuve sécurité sociale américaine a lancé un appel d’offre : elle souhaite acheter aux meilleurs prix 174 000 balles destinées aux calibres 357 magnum dont sont équipés les trois cents inspecteurs qui vont sur le terrain vérifier la validité des arrêts maladies. C’est donc avec 590 bastos à sa disposition que l’agent en question pourra partir sereinement à la chasse au tire-au-flanc qui, en cas de flagrant délit, pourra, au choix, être expédié directement au cimetière, et faire casquer les boîtes d’assurance-vie, ou à l’hôpital, ce qui justifiera clairement la nécessité d’une assurance maladie. Malin !

Miracle > Monsieur Raymond Peletier est très fier et s’en vante. Le tournesol, qui pousse dans son jardin à Villeneuve-sur-Lot (47), mesure trois mètres cinquante. Mais monsieur Rybczynski qui lui habite à Auch (32) s’en amuse : ses plants de tomates cerises atteignent la même hauteur. Merveilleuse nature ! Surtout quand on sait que ces deux bourgades sont distantes, à vol d’oiseau, d’une soixanaine de kilomètres, au nord et au sud, de la centrale nucléaire de Golfech. De là à être un paranoïaque de mauvaise foi…

Des chattes et des morfales > Quand presque personne n’en parlait, nous en parlions. Depuis que Madonna, Jeanne Cherhal, Paul McCartney et consorts se gargarisent de les « soutenir », nous préférons ne pas manger dans la même gamelle. Ces vieux relents de guerre froide agrémentés de bonne conscience nous filent la nausée. On n’en pense pas moins mais il n’y aura pas un mot dans ce journal à propos des Pussy Riot. Même si – et parce que – ça fait vendre.

Ça vient… > Le 5 septembre, la Troïka « proposait » au Premier ministre grec d’étendre la semaine de travail à six jours sans augmentation de salaires – déjà réduits de plus de 25 % – et de réformer l’inspection du travail en la plaçant sous supervision des autorités européennes. Une paille dans le bombardement de restrictions qui pilonnent la population grecque, y compris les forces de l’ordre. Le 8 septembre, alors que plusieurs dizaines de milliers manifestants défilaient à Thessalonique, une banderole tenue par des flics pas contents proclamait : « Quand la colère déferlera sur le parlement, nous serons avec le peuple ! » Un engagement qui ne demande qu’à être vérifié, deux jours après que des policiers athéniens se sont affrontés à des brigades anti émeute et cinq jours avant la grève générale à laquelle devraient se joindre des soldats !

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