Sur la bouche d’aération du métro Sèvres-Babylone, un pauvre hère hirsute aux pieds enveloppés de sacs en plastique a installé ses hardes. Chaque bouffée d’air chaud s’élevant de la station exhale la puanteur du clochard, en piètre état avec sa trogne rouge, desséchée, toute déformée par de gros bubons tumescents. Il fixe les passants d’un air hagard, entre deux goulées de vin.
– Quelle honte, on ne doit pas le laisser ici !, s’indigne choquée une imposante riveraine vêtue d’une somptueuse fourrure, qui laisse dans son sillage les effluves d’un parfum capiteux à base de violette.
Elle a raison. Le SDF a vraiment besoin d’aide, sinon il ne passera pas la nuit, avec cette température. Au XXIe siècle, dans un pays aussi riche que la France, les gens peuvent crever de froid dans l’indifférence, c’est dire dans quelle société évoluée on vit.
La bourgeoise matrone, à laquelle on prêtait naïvement de la compassion pour le gueux, exprime alors le véritable fondement de sa révolte :
– On ne peut pas laisser ces dégénérés défigurer nos rues !