Édito-sommaire
Au sommaire du n°147 : spécial "Le travail mort-vivant"
En une : "Le travail mort-vivant" de LL de Mars.
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L’édito : tous las de ce retour au même schéma !
L’armée serait prête à sauter sur le 9-3 pour reconquérir les « territoires perdus de la République » et y monter un remake de la bataille d’Alger avec des conseillers israéliens. C’est une des boules puantes qu’a lancée Éric Zemmour sur les plateaux télé ou radio qui s’empressent de l’inviter. 1957-2017 : rien n’aurait donc changé ? Dans Marianne, l’histrionique ex-historien Jacques Julliard vitupère les nouveaux « collabos » : ce parti de la « lâcheté » qui « tire dans le dos [de la France] quand elle est attaquée de face », le parti du « pas d’amalgame », le parti de la minimisation (« quelques actes isolés sans signification »), de la psychiatrisation (« une poignée de déséquilibrés »), de la contextualisation (« des victimes du racisme ambiant »), de la diversion (« les fruits du colonialisme »), de la banalisation (« le burkini est un vêtement comme un autre »).
Après l’attentat de Nice, Michael Miguères, élu du 16e arrondissement de Paris (tout un programme en soi) et lieutenant de Jean-François Copé1, envisageait quant à lui d’ouvrir une chasse aux sorcières : « Pourquoi continuer en effet à tolérer des étrangers qui prêchent la haine de la France sur notre territoire et ne pas condamner les ressortissants français qui le font ? » Et de cibler « le gauchisme culturel, anti-autoritaire, moraliste et sentimental qui exerce une police de la pensée en diabolisant ceux qui ne le suivent pas pour en faire des racistes, homophobes ou islamophobes. 2 » Son copain Claude Goasguen n’a lui pas hésité à repousser la ligne rouge du racisme en évoquant un « problème avec les Maghrébins ».
On nous excusera de leur faire à notre tour de la pub, mais nous ne pourrons pas traverser longtemps en apnée cette atmosphère fétide de maccarthysme diffus. D’autres violences xénophobes s’annoncent, après les signes avant-coureurs de Sisco, Calais ou Forges-les-Bains. Les haines se rétro-alimentent, attisées par des pompiers pyromanes nommés Valls, Sarko, Le Pen. La campagne ne fait que commencer : le bal est ouvert.
Dossier spécial : Le travail mort-vivant
« J’ai vu rouge, j’ai eu envie de le tuer » > 1er mai 2016. Alors que tout le monde battait le pavé en détestant la police, Christophe Massot nous proposait, dans La parole au travail, d’écouter un fonctionnaire qui, poussé à bout par sa direction, a pensé commettre l’irréparable. Non pas le suicide, mais le meurtre. Récit.
Malades du travail, malades au travaill > Entretien avec Lise Gaignard, psychologue du travail et psychanalyste, qui combat depuis plusieurs années, notamment via ses chroniques publiées dans Alternative libertaire, les tendances à la psychologisation dépolitisante de la souffrance au travail.
Emplois poubelle pour prospectus jetable > L’extrait que nous vous présentons ici, en exclusivité, est tiré du livre de Julien Brygo et Olivier Cyran, Boulots de merde ! Du cireur au trader, enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers (Éditions La Découverte). Disponible, depuis peu, dans toutes les bonnes librairies.
Guerre sociale à l’hôpital > Mercredi 14 septembre, la coordination nationale des infirmières appelait à une journée de grève suite au suicide de cinq des leurs cet été. Au CHU de Toulouse, quatre salariés se sont donné la mort en juin dernier. Un management brutal est en cause. Enquête.
Notre devenir siret > Rebaptisé vélo-taxi à énergie propre, ou transport doux, le rickshaw reprend du service depuis le milieu des années 1990. CQFD a rencontré deux auto-entrepreneurs d’Happymoov, « entreprise novatrice et dynamique » qui fait de la publicité à pédale son fonds de commerce.
« J’ai tout fait, tout connu » > Jésus a multiplié les pains, Michel des petits boulots de survie. Du Beaujolais au nucléaire en passant par le montage de store, ce n’est plus un CV mais la condition du prolo moderne résumé dans ces lignes.
« Le pire des boulots ingrats » > Momo, lors de la présidentielle de 2007, était devenu le candidat de CQFD, avec sa bobine affichée en une du journal. Nous le retrouvons aujourd’hui, la quarantaine, papa d’une petite fille et vivotant d’un RSA agrémenté de quelques gâches dans la musique. Il nous raconte son passage par la case agent de sécurité dans une chaîne de magasins discount à Marseille.
Souffrance au travail : le grand déballage > Livres et articles se multiplient : on n’a jamais autant parlé de souffrance au travail. Mais ce nouveau « mal du siècle » ne fait pas que des victimes : pour les vendeurs de papier et les consultants spécialisés, il représente même une poule aux œufs d’or qui n’est pas près de s’épuiser, elle...
Winter is coming > Demain comme aujourd’hui, le travail demeurera une centralité dans nos existences. Coercitif ou librement consenti, aliénant ou gratifiant, le chagrin continuera de charpenter le socle de notre vie commune. Parce que le futur est déjà à notre porte, CQFD vous propose trois envolées dystopiques. Walter Benjamin a eu cette formule : « Il faut organiser le pessimisme. » Nous y sommes.
Enquêtes et reportages
Une chance à saisir à chaud > Le climat s’arrête à Nantes pour un sommet, le capitalisme vert en embuscade.
Ne tirez plus sur l’hôpital > Saint-Étienne-du-Rouvray, son église, son curé assassiné… mais aussi son hôpital psy en lutte. Depuis la fin de l’été, le personnel soignant s’est mis en grève contre la réforme managériale imposée par la loi Touraine et appliquée par la direction. Reportage.
Maxmur, les semences de l’autonomie > Chassés dans les années 1990 de leur village de Turquie par la répression militaire, des dizaines de milliers de Kurdes s’exilèrent au nord de l’Irak. Sous la pression des Nations unies, Saddam Hussein leur octroya le camp de Maxmur dans un environnement hostile, pensant sans doute que les réfugiés n’y feraient pas de vieux os. Mais c’était sans compter sur leur ténacité. Reportage dans ce laboratoire politique et social sous l’égide du PKK.
Lisbonne tremble encore > En cinq ans, Lisbonne est devenue une des destinations les plus prisées d’Europe, avec chaque année de nouveaux records dans le secteur du tourisme. La frénésie immobilière et la gentrification encouragées par le gouvernement et le FMI entraînent la mort des derniers quartiers populaires du centre-ville. Reportage le long les rues inclinées d’Alfama.
La guerrière et la mort > « Perdre ma vie est un risque plus grand que celui de mourir. » Cette phrase d’Andréa Doria, en exergue du livre intitulé N’Dréa que rééditent Les éditions du bout de la ville, en dit long sur l’amie disparue. Sa rupture avec l’agonie médicalisée a été une embellie pour son entourage autant que pour elle-même.
1 Ce même Copé qui prône le retour du drapeau et de l’uniforme à l’école et qui veut en finir avec le droit du sol.
2 huffingtonpost.fr, « Et si l’on refusait de s’habituer à vivre avec le terrorisme ? », 20 juillet 2016.
Cet article a été publié dans
CQFD n°147 (octobre 2016)
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Paru dans CQFD n°147 (octobre 2016)
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Par
Illustré par Lasserpe, L.L. de Mars
Mis en ligne le 07.10.2016
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Dans CQFD n°147 (octobre 2016)
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